En France, la consommation de biocarburants a atteint 3.115 kilotonnes équivalent pétrole (ktep) en 2016, soit une augmentation de 4%, par rapport à 2015, selon le dernier baromètre EurObserv'ER (1) . Ce dernier est produit par l'association l'Observatoire des énergies renouvelables.
Ce bilan montre que cette croissance a été plus favorable pour le bioéthanol (+9,3%) que le biodiesel (+3,1%). Toutefois, le biodiesel reste toujours en position dominante. "L'augmentation de la consommation de biocarburants s'explique principalement par la hausse de la consommation de biodiesel de synthèse, dont la consommation est passée de 140.861 tonnes en 2015, à 201.069 tonnes en 2016 (donnée en volumes), et par une hausse de la consommation de bioessence de synthèse, qui est passée de 18.958 à 62.514 tonnes", précise EurObserv'ER.
Le biodiesel représente au final 84,8% de la consommation de biocarburant en équivalent énergétique.
Au niveau européen, la consommation de biocarburant de l'Union européenne poursuit sa faible croissance. A la montée en puissance de la consommation de biocarburants durant la période 2005 à 2010 se substitue désormais une tendance plus molle. Après s'être stabilisée entre 2014 et 2015, la consommation passe ainsi de +14,2 millions de tonnes équivalent pétrole (Mtep) à 14,4 Mtep en 2016, soit une croissance de 1,3% en 2016.
"Cette hausse (exprimée en contenu énergétique et non en volume métrique) s'explique uniquement par une augmentation de la consommation de biodiesel (+2,4%). La consommation de bioéthanol est en léger retrait de 3,1%, détaille l'Observatoire des énergies renouvelables. La répartition (en contenu énergétique) entre les différents types de biocarburant reste très à l'avantage de la filière biodiesel du fait de l'importance du parc des véhicules diesel de l'Union européenne".
La palette des sources de biocarburants en 2016 se répartit à 80,6% de biodiesel (soit 11.603 ktep), 18,4% de bioéthanol (2.646 ktep directement mélangés à l'essence ou préalablement transformés en éther éthyle tertiobutyle -ETBE), 1% de biogaz (138 ktep). "La consommation d'huile végétale pure utilisée comme carburant n'est plus représentative (<0,1%) et a été intégrée dans la consommation de biodiesel", indique l'observatoire.
Il souligne qu'au niveau mondial, l'Union européenne se situait, en 2015, au premier rang de la consommation mondiale pour le biodiesel et au troisième rang derrière les Etats-Unis et le Brésil pour le bioéthanol.
92,5% de la consommation certifiée durable
EurObserv'ER a également estimé la proportion de biocarburant certifié durable. Désormais, le calcul de la contribution des biocarburants à la réalisation des objectifs nationaux de développement des énergies renouvelables dans le secteur des transports impose de prendre en compte seulement les carburants certifiés.
Selon l'observatoire, la consommation certifiée par les Etats membres atteindrait 92,5% de la consommation de biocarburant de l'Union européenne (13,3 Mtep) en 2016. Elle était de 92,2% en 2015 et de 57% en 2012. Parmi les retardataires, l'observatoire relève l'Espagne, la Grèce, Malte, l'Autriche, la Lituanie et l'Italie.
En juillet 2016, la Cour des comptes européenne avait toutefois pointé "les faiblesses" du système de certification des biocarburants durables. Parmi les griefs : l'absence de procédures dans les régimes volontaires pour garantir la production des biocarburants à partir de déchets et la conformité des matières premières destinées à leur production aux dispositions en matière environnementale.
Quel devenir des biocarburants ?
"Le respect des engagements européens devrait permettre un taux d'incorporation effectif des biocarburants (conventionnels et avancés) de l'ordre de 8% à [l']échéance [de 2020], estime EurObserv'ER. Cette part amènerait la consommation de biocarburants aux environs de 20 Mtep pour l'Union européenne à 27, dans une hypothèse de sortie du Royaume-Uni. Cependant, l'absence de perspectives claires concernant l'avenir des biocarburants issus de cultures alimentaires après 2020 pourrait conduire certains Etats, les moins concernés par la production d'agrocarburants sur le plan économique, à revoir leurs engagements ou à ne pas satisfaire les exigences de la directive énergie renouvelable de 2009 en matière de transport".
Les discussions en cours sur la proposition de révision de la directive renouvelables laissent en effet ouvertes les questions et les débats sur les proportions et types de biocarburants mis à disposition sur le marché à partir de 2021 et jusqu'en 2030. La proposition finale de texte devrait être connue au cours du second semestre 2018.