''Jusqu'à présent, nous étions dans un système, le protocole de Kyoto, qui était certes une grande avancée, une mise en marche du monde, mais seule l'Europe était réellement engagée, alors qu'elle représente 17 % des émissions mondiales des gaz à effet de serre. Et encore, les engagements européens ont été honorés parce qu'il y a eu des modifications des mix énergétiques des pays de l'Est, expliquait Jean-Louis Borloo, devant les Commissions des Affaires économiques et du Développement durable de l'Assemblée nationale le 27 janvier. L'enjeu du post Kyoto était d'accrocher les 80 % d'émetteurs de GES restants. L'idée que le type d'accord contraignant européen pouvait être imposé au reste du monde était un non sens. Si le 31 janvier, le reste du monde adresse à l'ONU ses plans de réduction et ses engagements, Copenhague sera une réussite''. Le ministre d'Etat ne doute pas quant au respect de cette échéance qui, dans les objectifs, suivra ''la feuille de route de Bali''.
Un discours peu commun, alors qu'à l'issue du sommet de Copenhague, le 17 décembre, de nombreuses voix s'élevaient pour dénoncer l'échec cuisant des négociations… Pour le ministre d'Etat, le fait que près de 120 chefs d'Etat soient réunis ''sans être convoqués'' pour parler du climat est déjà une victoire en soi. ''On a assisté à un moment de mobilisation essentiel (…). Il faut continuer à travailler et redonner du souffle et de l'envie dans ce processus.'' L'échéance du 31 janvier sera essentielle avant les prochaines réunions et le rendez-vous de Cancun en décembre prochain. Seul bémol : le regret qu'il n'y ait pas eu de ''petit cadeau américain'' alors que le président Obama a fait le déplacement (''leurs engagements pour 2020 sont inférieurs à ce qu'il faudrait faire'') et la suppression de la phrase concernant l'engagement de réduction des émissions de 80 % des pays industrialisés, à la demande de la Chine, dans l'accord final négocié entre chefs d'Etat. Pour Jean-Louis Borloo, ''l'enjeu de l'année qui vient est de passer de cet engagement fort à quelque chose d'organisé, de structuré et de positif''. A certaines conditions…
Tout d'abord, ''si nous restons dans cette folie culturelle absolue, nous continuerons à avoir des incompréhensions majeures. J'ai été très frappé que nous, Occidentaux, ayons mis comme évaluation des débats notre propre culture des modalités. Cette perception est très dangereuse car elle fait le lit de l' ''àquoibonisme''. C'est une idée régressive qui laisse penser qu'on prend des mesures contraignantes pour nos peuples alors que les autres ne font rien. Alors qu'on le fait aussi pour nous !''. Ce pessimisme européen crée ''un malaise'' chez les autres pays négociateurs : ''est-ce que l'Europe parle d'échec pour ne pas s'engager sur un objectif de 30 %?''.
Les négociations de Copenhague ont souligné la nouvelle donne géopolitique et l'Occident, ''centré sur ses propres modèles'', doit prendre conscience de cette redistribution des cartes. ''On est sur une modification profonde des blocs d'influence. Le G77 n'a plus d'existence, la Chine a basculé aujourd'hui dans la problématique des pays industrialisés. Les Etats-Unis n'assurent plus de leadership, mis à part sur quelques pays européens. Le poids des grands émergents est désormais décisif'', analyse le ministre d'Etat.