Les débats qui décideront de l'orientation du futur mix énergétique français s'ouvriront l'automne prochain. Le 4 avril, la Commission de régulation de l'énergie (CRE) a publié l'une de ses contributions aux travaux préparatoires de la nouvelle Programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE). Son rapport (1) propose trois scénarios d'évolution des infrastructures gazières dans l'optique d'atteindre la neutralité carbone en 2050.
Moins consommer, mais produire plus ?
« Pour répondre aux objectifs de la Stratégie nationale bas carbone (SBNC), la CRE s'est fixée comme contrainte d'étudier des scénarios avec un bilan équilibré à la maille France, c'est-à-dire que la production annuelle de gaz vert doit égaler la consommation annuelle, ce qui permet d'arrêter la consommation de gaz fossile à l'horizon 2050 tout en assurant la souveraineté énergétique de la France », postule l'autorité des marchés de l'électricité et du gaz. Ce faisant, elle a retenu trois voies : deux scénarios repris des travaux « Transition(s) 2050 » de l'Agence de la transition écologique (Ademe), qu'elle qualifie de « bas » et de « médian » (à savoir, « S1 » ou « Génération frugale » et « S3 » ou « Technologies vertes »), et un scénario « haut » formulé sur la base d'hypothèses et modélisations (2) commandées auprès du gestionnaire de la distribution du gaz, GRDF, et de trois gestionnaires de son transport, GRTgaz, Teréga et GreenAlp.
Par conséquent, la CRE estime les investissements nécessaires entre 6 et 9,7 milliards d'euros d'ici à 2050, selon les scénarios. Autrement dit, une augmentation du budget annuel de 200 à 300 millions d'euros destinée essentiellement au raccordement de nouvelles unités de production de gaz renouvelables, s'ajoutant au 1,3 milliard déjà consacré au réseau gazier. D'autant que les trajectoires retenues par la CRE comportent un changement de regard sur le stockage.
Réserver une partie du stockage à l'hydrogène
La CRE propose, par exemple, de convertir les cavités salines pour y accueillir le dihydrogène (H2) dont la production devrait croître d'ici à 2030. « Néanmoins, la conversion devra être prudente en s'assurant que le système (méthane) CH4 peut se passer du stockage salin considéré et en s'appuyant sur un besoin de stockage H2 avéré, nuance la CRE. Toute conversion avant 2030 semble imprudente, quel que soit le scénario retenu. » Les conditions de cette éventuelle conversion d'une partie du réseau à l'hydrogène fera l'objet d'un prochain rapport.