A moins de deux semaines de l'ouverture de la COP 22 à Marrakech (Maroc), le Crédit agricole et la Société générale annoncent ne plus vouloir financer de centrales à charbon. Les Amis de la terre et Fair finance France saluent ces décisions, mais rappellent que "cela ne signifie malheureusement pas, pour le moment, que ces banques renoncent à leurs soutiens aux nouveaux projets de centrales à charbon en Indonésie et République dominicaine (1) ". Pourtant, aucun financement n'est encore conclu, précisent-elles. Les deux associations pointent également du doigt la mauvaise élève, BNP Paribas, "seule banque française à ne pas avoir mis un terme à ses soutiens directs aux centrales à charbon".
Plus de financements directs…
"Le Crédit agricole décide de ne plus financer de nouvelles centrales ou extension de centrales électriques au charbon. Plus aucun nouveau financement ne sera donc accordé au-delà des engagements déjà pris", précise la banque dans un communiqué de presse publié le 26 octobre. Elle rappelle qu'en 2015, elle s'était déjà engagée à "ne plus financer les mines de charbon ou les exploitants spécialisés dans cette activité dans le monde ni de nouvelles centrales électriques au charbon dans les pays à haut revenu". Par ailleurs, le groupe avait annoncé 60 Md€ de nouveaux financements climat d'ici fin 2018. "Entre le 1er janvier et le 30 septembre 2016, cet engagement a d'ores et déjà été réalisé à hauteur de 22,5 Md€", souligne le communiqué.
De son côté, la Société générale annonce "l'arrêt des financements dédiés aux activités charbon et le renforcement de son engagement en faveur des énergies renouvelables". Plus précisément, la banque n'apportera plus, à partir du 1er janvier 2017, de nouveaux financements aux projets de centrales thermiques au charbon ou à des infrastructures associées, "partout dans le monde". Elle s'était engagée elle aussi, en 2015, à arrêter les financements de mines de charbon et de projets de centrales thermiques à charbon dans les pays de l'OCDE. "La banque va par ailleurs réduire ses encours de crédit à l'industrie du charbon, avec un objectif de ramener la part du charbon dans la production d'électricité financée par la banque à 19% à fin 2020, en ligne avec le scénario 2 degrés de l'AIE [Agence internationale de l'énergie]". Cette évolution devrait être favorable aux énergies vertes : en 2015, la Société générale s'est engagée à doubler le financement de projets d'énergies renouvelables. "Cette décision se traduit par la mobilisation d'une enveloppe de 10 milliards d'euros dédiée au secteur des énergies renouvelables d'ici 2020", précise le communiqué.
… quid des financements indirects ?
Mais, regrettent les Amis de la terre, "l'impact climatique de [ces mesures] reste limité puisqu'[elles] ne concernent que les financements de projet. Or, c'est avant tout à travers des financements et services aux entreprises que les banques soutiennent l'industrie du charbon".
Pour rappel, de nombreux projets de centrales à charbon sont prévus dans le monde (932 GW de projets selon une étude récente). "Si les annonces du Crédit agricole et de Société générale vont dans la bonne direction, elles sont bien insuffisantes puisque les banques peuvent toujours financer les entreprises qui construisent ces projets, analyse Yann Louvel, coordinateur de la campagne Climat - Energie à BankTrack. Seule la Société générale ajoute qu'elle entend réduire ses soutiens aux entreprises du charbon afin de s'inscrire d'ici à 2020 sur la trajectoire du scénario 2 degrés de l'Agence internationale de l'énergie. Cette approche est intéressante mais doit être complétée par l'adoption de critères d'exclusion précis afin d'envoyer un signal clair aux entreprises du secteur".