Le groupe ArcelorMittal n'est pas le seul à miser sur l'hydrogène pour décarboner son activité. L'an dernier, le géant français de la sidérurgie avait annoncé la construction d'une nouvelle unité de réduction directe du minerai de fer, fonctionnant sans gaz naturel et partiellement sans charbon, à Dunkerque (Nord) d'ici 2027. Et alors qu'il s'attèle à remplacer ses hauts-fourneaux par des fours électriques à Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône), un autre projet s'y invite pour participer à la production d'acier décarboné.
Décarboner la sidérurgie européenne
L'aciérie s'appuiera sur l'importation de trois millions de tonnes de minerai de fer brut, depuis l'extérieur de l'Europe, pour produire environ deux millions de tonnes de DRI, sous forme de pellets ou de briquettes à chaud (HBI) destinés exclusivement au marché européen. Ces deux produits intermédiaires seront ensuite livrés à des sidérurgistes pour produire la fonte nécessaire à la fabrication d'acier. Le tout, pour Gravithy, est de miser sur une source d'énergie décarbonée, en remplaçant le gaz naturel ou le charbon par du dihydrogène (H2). Ce dernier sera produit à l'aide de plusieurs électrolyseurs installés directement sur le site et connectés au réseau électrique français, s'appuyant essentiellement sur le nucléaire et les énergies renouvelables. La production d'environ 120 000 tonnes d'hydrogène par an, soit l'équivalent d'une centaine de mégawatts (MW) d'électrolyseurs, sera nécessaire.
Selon José Noldin, ce modèle devrait permettre d'éviter quatre millions de tonnes de dioxyde de carbone (CO2) par an (MtCO2/an), en comparaison à une production équivalente à base de gaz naturel (émettant 5 MtCO2/an). Autrement, chaque tonne de DRI produit par Gravithy devrait économiser environ deux tonnes de CO2 – sans prendre en compte le bilan carbone de l'importation initiale du fer. « Que ce soit l'éolien, le solaire ou la mobilité électrique, les instruments de la transition énergétique ont tous besoin d'acier, se justifie le PDG de Gravithy. Il est donc nécessaire d'utiliser de l'acier qui soit, dans l'idéal, le plus décarboner possible pour réaliser la transition la plus "neutre" possible. »