Une chaufferie à biomasse à Cattenom. Une incongruité pour cette ville de Moselle accueillant quatre réacteurs nucléaires sur son territoire ? Pas tant que ça. Si la ville a bien réfléchi à l'idée d'utiliser la chaleur fatale de la centrale EDF pour alimenter son projet de réseau de chaleur, elle s'est finalement tournée vers la biomasse, techniquement et juridiquement plus simple. Dans cette région boisée, le plan d'approvisionnement, une étape majeure qui conditionne de nombreux points du projet, a été assez évident : de la plaquette forestière et du bois de scierie, produits dans un rayon de 50 km autour de la ville.
Ainsi, depuis mai 2021, une chaufferie au bois de 2 MW alimente en eau chaude un nouveau réseau de chaleur de 1,5 km auquel sont raccordés 25 bâtiments publics et privés. De quoi remplacer le chauffage au fioul et électrique de ces bâtiments, le gaz de ville n'étant pas présent du fait de la proximité d'installations nucléaires. Une chaudière au fioul de 800 kW assure l'appoint de secours du système.
Le compte est bon
Pas d'appro, pas de projet
Le plan d'approvisionnement d'un projet biomasse est un élément clef de sa réussite. Préparé bien en amont grâce à la consultation de plusieurs dizaines d'acteurs du territoire, il définira le type de matières disponibles, en quantités et en qualités (plaquettes forestières, biomasse agricole, déchets de bois, bois d'élagage, etc.). La composition de cette biomasse déterminera quel type de chaudière choisir et quels réglages opérer, le type de traitement des fumées à réaliser, le stockage à prévoir, le devenir des cendres et poussières récupérées. « Il faut un combustible le plus homogène possible. Cela influence grandement le projet », rappelle Marc Lerat.
Une chaufferie à l'image du territoire
Mais la biomasse est-elle adaptée à tous les projets dans un contexte où cette ressource est très demandée pour de multiples usages ? « La disponibilité en biomasse est globalement bonne, mais cela peut devenir un aspect limitant dans le dimensionnement des projets, prévient Marc Lerat, directeur de l'ingénierie des réseaux de chaleur et de froid chez Idex. Dans nos projets, les ressources présentes localement dimensionnent la puissance des chaudières à biomasse ainsi que la technologie à mettre en place, et par conséquent la quantité d'énergie délivrable dans le réseau. » Ainsi, le dimensionnement des projets ne se fait pas à partir des besoins en calories, mais bien à partir des ressources du territoire. Un point certes limitant, mais qui remet l'énergie au cœur des préoccupations des communes.