Après presque un siècle d'activités pétrolières, c'est un chantier de dépollution énorme : des tonnes de terres imbibées d'hydrocarbures, des centaines de kilomètres de canalisations et de pipelines pleins de produits pétroliers, de l'amiante… Les dernières cheminées sont tombées fin 2020 et la phase de dépollution des terres sur les 25 hectares où étaient implantées les unités de raffinage a été achevée récemment.
« Il y avait un "volume mort" d'hydrocarbures qui n'avait pas été pris en compte dans les estimations. On est passé de 60 puits estimés à plus de 530 aujourd'hui », précise Éric Branquet, expert en dépollution pour le compte de Valgo, en charge du chantier depuis 2014.
Les travaux d'aménagement se poursuivront jusqu'à l'année prochaine. Des entreprises s'installent au fur et à mesure sur les parcelles de terrain vendues. Parmi elles, le géant du commerce en ligne Amazon. Un projet de zone logistique de 50 000 m2 qui ne fait pas l'unanimité mais qui promet la création de plusieurs centaines d'emplois. Un argument de taille : « Les gens attendent qu'il se repasse quelque chose sur ce site. Ici le taux de chômage est entre 15 et 16 % donc les gens ce qu'ils attendent ce sont des emplois », insiste Xavier Faure, Premier adjoint au Maire de Petit-Couronne. Des recours ont été lancés par des associations contre l'implantation du géant numérique. Sont mis en cause le trafic engendré par les activités d'Amazon et un nombre d'emplois futurs surestimés.
Une équation économique parfois complexe pour les friches
Avec sa proximité avec le train, la Seine, la route et la ville de Rouen, tout favorise ici la renaissance économique, mais la grande majorité des friches industrielles ne bénéficient pas d'une situation géographique aussi attractive.
« Il faut être très clair, toutes les friches ne sont pas reconvertibles, avertit Éric Branquet. Bien entendu on peut faire d'une friche une zone écologique, mais si on parle d'une réhabilitation en vue d'un intérêt économique, il faut qu'un certain nombre de critères soient réunis, notamment une pression foncière qui génère une certaine valeur de sortie du terrain, qui permet d'équilibrer les coûts engagés notamment pour la dépollution»
Un rapport parlementaire présenté cette année estime à 5 000 le nombre de sites industriels en friche rien qu'en Seine-Maritime. Pour l'ancienne raffinerie de Petit-Couronne la fin du chantier est prévue pour l'été 2022.