Après avoir dénoncé l'usage abusif de dérogations pour les pesticides par les Etats membres, le Pesticide action network Europe (Pan Europe) et Générations futures (ex MDRGF) se penchent sur l'une d'entre elle, pour le metam sodium, utilisé pour la désinfection des sols.
Une décision du Conseil de 2009 prévoyait une interdiction de ce produit à compter de janvier 2010, tout en autorisant des dérogations jusqu'au 31 décembre 2014 à condition ''qu'il n'en résulte pas d'effet nocif sur la santé humaine et animale ni d'influence inacceptable sur l'environnement''.
Aujourd'hui, quinze pays européens, ''au premier rang desquels la France'', useraient de dérogations pour prolonger l'utilisation de ce produit. ''Le metam sodium est suspecté d'être cancérigène et d'être un toxique de la reproduction et du développement par l'EPA (1) aux Etats-Unis. Pourtant, des millions de kilogrammes du dangereux gaz metam sodium sont utilisés dans l'Union européenne par 15 Etats membres pour la fumigation du sol'', indiquent les associations.
La France, qui a été le plus gros utilisateur de ce pesticide en 2010 (6 millions et demi de kilos), permet des dérogations pour les légumes et les plantes fruitières (essentiellement la mâche, les carottes, les tomates, les fraises, les asperges), les plantes ornementales, les arbres et les arbustes. ''L'Espagne, le Portugal et la Grèce en sont aussi de gros utilisateurs. La Grande-Bretagne et l'Italie n'ont en revanche pas communiqué les quantités utilisés'', indiquent les associations.
La dérogation doit être accompagnée d'une recherche d'alternatives. Mais aucun des 15 pays n'a commencé à mettre en oeuvre un tel plan, soulignent Pan Europe et Générations futures. ''Des alternatives existent pourtant déjà comme la pratique de rotations culturales plus longues ou l'utilisation de variétés résistantes. Le fait que 12 Etats membres n'utilisent pas de métam sodium montre bien que l'usage essentiel accordé est sans doute injustifié !''.
Pire, les Etats membres discuteraient ''d'une possible légalisation du metam sodium par une procédure rapide. Pourtant l'opinion de l'EFSA (2) sur cette substance montre bien que les adultes vivants sous le vent d'un lieu où a lieu une injection dans le sol dépassent leur limite de sécurité en 5 heures. Quant aux enfants, les plus vulnérables, ils dépassent la dose maximale en une seule heure !''.