Trois familles de techniques se complètent pour détecter les réseaux enterrés : l'électromagnétisme, le géoradar et l'acoustique. "Dans l'eau et l'assainissement, 80% des conduites sont en polyéthylène, non conducteur. On utilise donc majoritairement le géoradar", explique Christian Grolleron, gérant et fondateur du bureau d'études Correlane. Sans contact, le géoradar détecte tout ce qui est placé à l'aplomb du radar. Le signal nécessite d'être interprété, car tous les réseaux apparaissent.
Le Siel va numériser 15.000 km de voierie
En Indre-et-Loire, le Syndicat intercommunal d'énergie (SIEL) s'apprête à numériser plus de 15.000 km de voierie. Le but : disposer d'un fonds cartographique précis, commun à toutes les parties prenantes intervenant sur la voierie pour, in fine, limiter l'endommagement des réseaux. Ce plan corps de rue simplifié (PCRS), qui précisera notamment les affleurants des réseaux sensibles (gaz, électricité…) sera disponible sur abonnement aux communes adhérentes et aux partenaires publics du Siel. Pour ce projet, le syndicat a choisi la cartographie mobile au lieu du relevé topographique classique ou de la photogrammétrie(1). Ce qui représente un investissement de 859.000 euros dans le matériel (laser embarqué dans une voiture couplé à des caméras), et l'embauche de 4 topographes équipés d'un sac à dos avec les mêmes laser et caméras).
Note : Aérienne ou terrestre, la photogrammétrie consiste à créer des images en 3D à partir de deux images planes.
Enfin, pour les matériaux non conducteurs, on peut également faire appel à un détecteur acoustique. Mais il ne détecte pas la profondeur de la canalisation dans le sol. "C'est un bon complément pour les réseaux d'eau", commente Christian Grolleron.
Attention aux interférences
Pour les canalisations en fonte ductile, l'électromagnétisme peut être utilisé. Un émetteur est alors physiquement raccordé au réseau que l'on veut détecter, au niveau de la bouche à clé. Il injecte un courant électrique, et le signal est analysé. Cependant, les joints d'étanchéité limitent la transmission du signal : les opérateurs doivent alors se brancher à la bouche à clé suivante. De plus, cette technique peut subir des interférences en cas de proximité d'un réseau électrique.
En fait, les différentes techniques doivent être combinées pour détecter la présence proche d'autres réseaux que les canalisations d'eau et d'assainissement, ou pour pallier à l'hétérogénéité du sol, qui rend la réception du signal aléatoire. "Elle peut varier entre 20-30 m jusqu'à 3 à 5 km selon l'état du revêtement de la canalisation, de la nature du sol, de la densité des réseaux…", explique Robert Olivé, président de la Fédération nationale des entreprises de détection des réseaux enterrés (Fnedre). "Récemment, sur une prestation de détection d'un réseau d'eau sur 2 km, il y a eu une centaine de mètres pendant lesquels la détection radar a été impossible du fait de la structure du sol. Ce segment a dû être classé C (1) ", complète Christian Grolleron. Car l'enjeu, c'est la classe de précision. Pour être classé A, un point de mesure tous les 10 m est nécessaire, avec la précision de profondeur et une latitude de 40 cm. Les réseaux d'eau et d'assainissement, qui ne sont pas considérés comme sensibles n'ont pour l'instant pas d'obligation d'être en classe A, sauf en cas de pose d'un réseau neuf.
Vers des fonds cartographiques uniformisés
Une fois détectés, les réseaux doivent être géoréférencés. Plusieurs outils existent, du traditionnel fichier Autocad au système d'information géographique (SIG), qui tend à se généraliser, ou encore le format Edigéo. Tous reposent sur un positionnement par satellites. Plusieurs constellations existent, notamment américaine (GPS), européenne (Galileo, pas encore complètement opérationnel), chinoise (Beidou)… "Au final, iI y a toujours un satellite pour avoir une solution de positionnement, même s'il existe toujours des configurations où le signal est gêné par la présence de tour, d'un bardage métallique ou d'une canopée", explique Christian Grolleron, chez Correlane. A noter que les relevés GPS autorisent une précision centimétrique, mais la précision altimétrique est moins bonne.
La restitution dans un format SIG est de plus en plus demandée. "Cet outil de cartographie permet d'intégrer des données au centimètre près. Mais surtout, on peut ajouter d'autres informations que le plan seul, comme la profondeur d'une canalisation, le matériau dans lequel elle est fabriquée et son état, son diamètre, ou encore la typologie du terrain", indique Christian Grolleron.
D'autres technologies sont déjà en train d'arriver, notamment pour répondre à l'exigence des Plans de corps de rue simplifiés (PCRS). Ce nouveau type de fond cartographique, unique, est recommandé pour simplifier les échanges entre les différents acteurs qui interviennent sur la voierie. Ils doivent être mis en oeuvre par les zones urbaines (classement Insee) au 1er janvier 2019, et en 2026 pour l'ensemble du territoire.
Albane Canto