Globalement, la baignade dans les eaux européennes s'avère plutôt sûre. Rendez-vous annonciateur de la période estivale, l'Agence européenne de l'environnement (AEE) a publié les résultats de son thermomètre annuel de la qualité des eaux de baignade (1) . Résultat : 92,6 % des sites contrôlés en 2020 répondaient à l'objectif demandé par la Commission européenne d'une qualité suffisante (2) des eaux (dont 82,8 % avec une qualité excellente). Un score honorable même si initialement la Directive sur les eaux de baignade ambitionnait d'atteindre ce niveau pour toutes les eaux de baignade au plus tard à la fin de la saison balnéaire 2015. Au final, six ans après cette échéance, 1,3 % des sites présentaient toujours une qualité insuffisante. « Si la proportion des sites dont la qualité de l'eau est insuffisante a légèrement diminué depuis 2013, des problèmes subsistent, en particulier lorsqu'il s'agit d'évaluer les sources de pollution et de mettre en place des mesures intégrées de gestion de l'eau, explique l'Agence européenne de l'environnement. Il y a lieu de procéder à des études spécifiques des sources de pollution sur les sites où les sources ou les causes de la pollution sont difficiles à déterminer ».
Une petite régression à noter
Par rapport à l'année précédente, une petite régression est également à noter : en 2019 en effet 95 % des sites de baignade présentaient une qualité des eaux suffisante ou bonne et 84,6 % étaient d'excellente qualité. Une comparaison littérale n'est toutefois pas possible car une partie des sites ne sont pas les mêmes d'une année sur l'autre : certaines plages sont fermées, certaines sont nouvellement identifiées (3) tandis que d'autres ne disposent pas de l'ensemble des données pour l'évaluation. « L'évaluation n'a pas permis d'établir la qualité de plusieurs eaux de baignade en raison de restrictions liées à la pandémie, qui ont empêché la collecte d'un nombre suffisant d'échantillons », a ainsi souligné l'Agence européenne de l'environnement. Au final, en 2020, 22 276 sites de baignade (4) ont été surveillés dans les États membres de l'UE, en Albanie et en Suisse, contre 22 295 en 2019.
Pour ce qui concerne la France (5) , 95, 1 % des sites de baignade répondent à l'objectif de la Directive cadre d'une qualité suffisante ou bonne (avec 77, 7 % d'excellente qualité, 14, 2 % de bonne qualité et 3, 4 % de qualité suffisante). À l'inverse, 2,3 % étaient classés comme de qualité insuffisante. Pour cette période, 11 sites ont été sortis des listes et 13 ont été nouvellement identifiés.
Une évaluation de la politique de suivi de la qualité des eaux en cours
Pour analyser la politique menée et les marges de progrès, la Commission européenne a lancé au début de l'année 2021 une procédure d'évaluation de la Directive eaux de baignade. La consultation publique (6) devrait être ouverte au second trimestre de 2021.
Un premier cadre pour la qualité des eaux de baignade avait en effet été lancé en 1976 avant d'être modifié en 2006. La nouvelle directive introduisait deux principales modifications : elle réduisait les paramètres microbiologiques à deux germes : Escherichia coli et les entérocoques intestinaux (en durcissant les exigences de qualité). Autre nouveauté : la classification ne repose plus sur une notion de seuil mais sur une évaluation statistique et l'établissement de profil de baignade.
Des enjeux à anticiper
L'édition 2021 du rapport de l'Agence européenne de l'environnement s'est penchée sur les problèmes émergents pour la gestion des eaux de baignade en Europe. Parmi ces derniers, l'agence a identifié les changements climatiques. « L'élévation du niveau de la mer, les débits fluviaux altérés et extrêmes, les inondations, ainsi que la hausse des températures de l'air et de l'eau sont susceptibles d'affecter de manière significative la baignade et la gestion des eaux de baignade en Europe », souligne-t-elle. Par exemple, de nouveaux agents pathogènes pourraient mieux se développer dans cet environnement modifié. L'agence pointe également la question des déchets rejetés en mer, notamment les déchets en plastique. « Près de 80 % de tous les déchets sur les plages européennes sont en plastique, constate-t-elle. Les déchets marins sont le résultat de déchets plastique mal gérés et d'une économie linéaire dans laquelle les produits sont souvent jetés après une seule utilisation. Environ 10 millions de tonnes de déchets plastique finissent dans les mers et les océans du monde chaque année».
Cette pollution menace les écosystèmes comme l'économie littorale. L'Agence européenne de l'environnement appelle à plus de coopération transfrontalière. « À l'avenir, des modèles communs de prévision de la pollution et des systèmes d'alerte précoce pourront être développés, car ils sont basés sur des modèles mathématiques et peuvent être relativement facilement étendus à différents environnements, à condition que les experts qui les sous-tendent coopèrent dans un effort commun », pointe-t-elle.