"L'éducation à l'environnement et au développement durable (EEDD), c'est une condition pour réaliser la transition écologique et changer de modèle", assure Antoine Dulin, membre du groupe des organisations étudiantes et mouvements de la jeunesse, co-rapporteur de l'avis du Conseil économique social et environnemental (Cese) sur ce sujet.
Ce dernier a été adopté en séance plénière mardi 26 novembre avec 168 votes pour (une contre et sept abstentions).
Inscrit parmi les cinq chantiers prioritaires de la Conférence environnementale, la réussite de la démarche, selon le Cese, passe à la fois par une action volontariste de l'Etat et des collectivités locales mais également un développement de projets multi-partenariaux.
"Pour que l'EEDD fonctionne, il faut que les différents acteurs arrivent à travailler ensemble : le monde éducatif, des collectivités, des associations, des entreprises", complète Antoine Dulin.
Parmi les propositions du groupe de travail figure une diffusion de l'EEDD dans la formation initiale. Le Conseil supérieur des programmes veillerait à ce que ces sujets soient traités de façon transversale. Il devrait "être saisi dès son installation sur la prise en compte des enjeux du développement durable et des évolutions de la biosphère", selon la feuille de route de la conférence environnementale
Développer les sorties nature
Une épreuve spécifique à l'occasion des examens pourrait notamment être envisagée.
L'avis reprend également une autre des mesures inscrites dans la feuille de route de la Conférence environnementale : développer les sorties nature et classes de découverte.
"Le Cese a indiqué qu'il convenait de réfléchir à une éthique des acteurs intégrés à l'intérieur de l'éducation pour que nous nous en tenions à l'intérêt général", a toutefois noté Allain Bougrain-Dubourg, membre du groupe environnement nature, second rapporteur de l'avis.
Autre préconisation du Cese : développer l'EEDD dans le cadre professionnel et les cursus de formation continue. La mise en place de cet enseignement s'articulerait avec la réflexion sur l'évolution des métiers et les formations correspondantes. Le Cese propose que les dirigeants et représentants de l'Etat (au niveau national et territorial), ainsi que les salariés en charge de l'organisation des lieux de travail, des achats, des ressources humaines, etc. soient formés à l'EEDD. Celle-ci pourrait également faire l'objet d'un chapitre dans les rapports de développement durable des entreprises. Les TPE-PME pourraient, quant à elles, être sensibilisés à travers les têtes de réseaux professionnels.
Un continuum éducatif pour tous les citoyens
"L'objectif de l'avis est d'établir un continuum éducatif pour tous les citoyens tout le long de la vie", pointe Antoine Dulin.
Pour cela, le Cese recommande d'établir un répertoire des initiatives articulant EEDD et participation citoyenne. Il rejoint une des mesures de la feuille de route de la Conférence qui souhaitait développer le nombre de missions de service civique "environnementales" proposées par les collectivités et les établissements publics.
Le Cese souhaite également développer la responsabilisation et le choix du consommateur. "Il faut de la traçabilité pour le consommateur, le CSA pourrait accompagner une démarche d'éducation au DD, le rôle des médias est également important", précise Allain Bougrain-Dubourg. Le Cese préconise également d'associer le patrimoine naturel au culturel lors des journées européennes du patrimoine.
Enfin, un des autres grands axes proposés serait de mobiliser l'ensemble des acteurs publics, privés, associatifs pour faire de l'EEDD un projet collectif fédérateur.
"Les régions vont disposer d'un rôle accru, certaines ont déjà fait un travail admirable, il faut qu'il soit valorisé et qu'il devienne exemplaire afin que l'EEDD essaime sur l'ensemble du territoire", souligne Allain Bougrain-Dubourg.
Pour le Cese, un volet EEDD devrait être inséré dans les plans et schémas de politiques publiques éducatives, de développement durable et d'aménagement du territoire. Une cartographie et une évaluation des actions pourraient être réalisées pour mutualiser ensuite les outils et techniques.
Coté financement, l'avis considère que l'EEDD doit bénéficier de financements pluriannuels, inscrits dans des conventions d'objectifs mais également que la création d'un fonds régional dédié (abondé par l'Etat et les collectivités) devrait être envisagé.
Pour que l'Etat soit exemplaire, le Cese préconise enfin que les objectifs de gestion du secteur public soient alignés sur ceux des entreprises privées.