RTE, le gestionnaire du réseau électrique, n'en démord pas : la transition énergétique de la France ne va pas sans le développement des énergies renouvelables et du réseau auquel elles sont raccordées. « Les énergies renouvelables électriques ne se développent pas sans réseau, déclare Vincent Thouvenin, directeur des affaires européennes de RTE. Les interconnexions accompagnent l'évolution du mix de production d'électricité française. Elles sont un élément de flexibilité, indispensable pour contrebalancer l'intermittence de ces énergies et permettre la solidarité entre systèmes électriques en Europe. »
L'Union européenne en est parfaitement consciente. Elle a adopté, ce jeudi 27 janvier, l'investissement de plus d'un milliard d'euros dans cinq projets transfrontaliers, en Europe de l'Est, de Mécanisme pour l'interconnexion en Europe (MIE Énergie). Quatre de ces projets concernent des interconnexions électriques, dont le projet « EuroAsia » reliant pour la première fois Chypre au réseau européen. La France, quant à elle, a justement déjà prévu de nouvelles interconnexions dans les années à venir.
Doubler la capacité d'interconnexion avant 2035
L'objectif européen, d'accroissement de ces infrastructures, est pour chaque État-membre d'atteindre 15 % de sa capacité de production électrique en interconnexion d'ici à 2030, contre près de 13 % actuellement en France. Avec 13 gigawatts (GW) en import et 17 GW en export sur une puissance électrique totale d'environ 136 GW, la France n'a pas encore atteint ni l'objectif européen ni la cible nationale fixée dans son dernier Schéma décennal de développement du réseau (SDDR) : un doublement de ses capacités en interconnexion avant 2035.
Les nouvelles liaisons en chantier
Pour y parvenir, l'Hexagone prévoit de nombreux travaux d'installation ou de renforcement dans les cinq prochaines années. Actuellement en phase d'essais, la nouvelle interconnexion France-Italie, dite « Savoie-Piémont », sera mise en service au cours de l'été 2022. Cette nouvelle liaison souterraine de 190 kilomètres et d'1,2 GW a coûté un milliard d'euros, partagés équitablement entre les deux pays. Une autre interconnexion d'1 GW, nommée Eleclink et exploitée par la société Getlink, sera enclenchée au niveau du tunnel sous la Manche en 2022.
Quel impact sur le prix de l'électricité ?
D'après les spécialistes de RTE, l'importance du maillage des interconnexions influe généralement sur les prix de l'électricité. « En moyenne, la mise en service d'une nouvelle interconnexion permet une meilleure convergence des prix de marché, parfois moins élevé de l'autre côté de la frontière, et à une baisse du prix de gros », explique Thomas Pertuiset, directeur des interconnexions chez RTE. La situation française ne reste néanmoins pas anodine. « En France, nous sommes plus exportateurs qu'importateurs donc ce sont nos voisins qui profitent d'une électricité moins chère. »