Rappelons qu'après plusieurs mois de négociations, la Commission européenne avait présenté mi-décembre, une nouvelle version de son projet de loi pour réduire les émissions de CO2 des véhicules particuliers de 160 à 120g CO2/km à l'horizon 2012. A l'occasion du Conseil franco-allemand des ministres de l'environnement en février dernier, le ministre français de l'Ecologie Jean-Louis Borloo et son homologue Sigmar Gabriel avaient discuté pour avancer sur une proposition commune : cette approche intégrée prévoit d'une part une réglementation limitant la moyenne des émissions des voitures neuves à 130 g de CO2/km, et d'autre part, une réduction supplémentaire de 10 g de CO2/km, grâce à des mesures complémentaires comme les biocarburants, avaient souligné les ministres.
D'ici quelques jours, les ministres devraient à nouveau se rencontrer pour trouver un accord sur la proposition de règlement de la Commission. Estimant que le texte proposé par la Commission a subi un véritable recule, France Nature Environnement, le Réseau Action Climat France et Agir pour l'Environnement souhaitent un positionnement fort de la France lors de cette rencontre. La pression de l'industrie automobile allemande a été suffisamment dominante depuis les premières propositions de la Commission pour aujourd'hui laisser place aux réelles responsabilités environnementales à prendre écrivent les associations dans un communiqué commun. Michel Dubromel, responsable des questions transports à France Nature Environnement espère que le climat sera privilégié par rapport aux intérêts bien compris du lobby automobile.
Les associations demandent une moyenne de 120g/km stricts dès 2012, comme prévu initialement et un objectif long terme à 80g/km en moyenne pour 2020. Elles réclament en outre un critère basé sur l'empreinte au sol du véhicule (la surface entre les 4 roues d'un véhicule) et non sur le poids qui fournira, selon les associations, une trop grande opportunité aux constructeurs d'alourdir encore leurs véhicules. Elles exigent enfin, une pénalité incitative à fabriquer des véhicules à faibles émissions de 150 € par gramme supplémentaire et par véhicule, aux constructeurs, dès 2012.
L'organisation Greenpeace, fidèle à ses opérations coup de point, a organisé, aujourd'hui, une parodie de mariage entre Nicolas Sarkozy et Angela Merkel. Le cortège, composé d'une dizaine de voitures parmi les plus polluantes, a défilé sur les Champs Élysée, s'arrêtant dans divers showrooms automobiles pour distribuer des invitations à la noce. Ensuite, le cortège s'est dirigé vers le palais de l'Élysée et le ministère de l'Écologie. À travers cette manifestation, Greenpeace a voulu montrer son inquiétude : que la réglementation européenne sur les émissions de CO2 des voitures soit vidée de toute ambition. Si Nicolas Sarkozy devait céder aux injonctions d'une chancelière allemande obsédée par les bénéfices de ses groupes automobiles, la crédibilité de la présidence française de l'Union européenne sera mise en cause, considère Anne Valette, de Greenpeace France. Un tel laxisme envers l'un des secteurs les plus polluants serait en totale contradiction la position qu'il défend.
Tandis que dans la plupart des autres secteurs (approvisionnement en énergie, industrie, agriculture, gestion des déchets), les émissions ont chuté entre 1990 et 2004, rappelons qu'elles ont, sous l'effet de cet accroissement de la demande, fortement augmenté dans le secteur des transports. Les transports sont ainsi responsables d'un quart des émissions européennes de gaz à effet de serre et leurs besoins en énergie devraient croître de 30% d'ici 2030.
Concrètement, entre 1990 et 2005, les émissions de gaz à effet de serre en provenance du transport routier, aérien, ferroviaire ou maritime de l'Union Européenne ont augmenté de 26 %.
Un récent rapport de l'Agence européenne pour l'environnement demandait aux décideurs politiques d'établir des objectifs ambitieux mais réalistes pour ce secteur, tout en répondant de manière sérieuse et impartiale à la demande en matière de transports. La croissance effrénée des activités de transport engendre trop d'effets secondaires qui nous concernent tous, tels que le bruit et la pollution atmosphérique, rappelait la directrice de l'AEE, le professeur Jacqueline McGlade.