Pour parvenir à ce résultat, les énergies renouvelables vont jouer un rôle majeur en particulier le solaire thermique et photovoltaïque. À l'occasion du 4e colloque dédié à l'énergie solaire dans le bâtiment qui se déroule à partir d'aujourd'hui et pendant trois jours à Paris, Michèle Pappalardo, la présidente de l'ADEME, a été très enthousiaste : le marché va devoir changer d'échelle, le solaire thermique devra être multiplié par 3 ou 4 et le solaire photovoltaïque par 20. Mais ces nouvelles perspectives de développement vont nécessiter de mobiliser tous les professionnels du bâtiment et concevoir l'approche sous forme de système intégrant les techniques de couvertures, de chauffage, de ventilation, etc.
La qualité se devra également d'être au rendez-vous pour ne pas décevoir les utilisateurs et mettre en péril le décollage du secteur. Dans ce sens, à l'occasion du colloque, les industriels du solaire ont présenté leur marque « Ô Solaire - Référencement Enerplan » apposée sur certains matériels et qui garantit au client le droit d'accès au crédit d'impôt. La nouvelle appellation qualité pour les installateurs de photovoltaïque « QualiPV » a elle aussi été lancée. Sur le modèle de Qualisol pour le solaire thermique et Qualibois pour le bois énergie, QualiPV est une démarche volontaire des entreprises qui s'engagent à respecter une charte qualité. Pour s'inscrire dans cette démarche qualité, les entreprises doivent attester de leurs compétences soit par références, soit en suivant les modules de formation génériques « QualiPV » dispensés sur tout le territoire français, dans des centres de formations ou chez des industriels agréés par Qualit'EnR. Elles doivent également justifier d'assurances : responsabilités civile générale et décennale.
Il semblerait toutefois, au regard des retours d'expérience des architectes qui se lancent dans l'installation à grande échelle d'équipements solaires, qu'il reste encore de nombreux points de blocage : déficit d'ingénierie, difficultés administratives pour le raccordement, réticence de certains Architectes des bâtiments de France, motivation limitée des maîtres d'ouvrage, etc. Car il ne s'agit pas de couvrir n'importe quelles surfaces de panneaux solaires thermiques ou photovoltaïques pour résoudre les problèmes, explique Françoise-Hélène Jourda, architecte. L'installation efficace d'équipements solaires sur un bâtiment a des conséquences sur son architecture, son prix, son usage ! Selon elle, c'est donc une réflexion globale qu'il faut mener que ce soit en habitats individuels ou collectifs, en neuf ou en rénovation. Mettre en place des systèmes de production d'énergie renouvelables sur des « maisons passoire » n'a aucun sens, souligne l'architecte. L'énergie solaire doit donc être pensée comme une des multiples solutions au problème de la performance énergétique des bâtiments. L'idéal reste donc de réduire les besoins énergétiques afin que les énergies renouvelables puissent les couvrir en quasi-totalité.
Ainsi, dans le cadre de la mise en œuvre des modalités adoptées au Grenelle, la Direction Générale de l'Urbanisme, de l'Habitat et de la Construction (DGUHC) envisage de resserrer les conditions d'attribution des crédits d'impôts pour les installations solaires. Cette aide pourrait être attribuée seulement si l'équipement fait partie d'un projet global de rénovation énergétique du bâtiment. Même si pour l'instant il ne s'agit que d'une réflexion, ceci montre à quel point il est désormais nécessaire de « penser globalement ». Du côté de l'ADEME la réflexion est similaire et en 2008 l'agence conditionnera ses aides à la réalisation d'un Diagnostic de Performance Energétique (DPE). Du côté des professionnels représentés par le Syndicat des Energies Renouvelables (SER) on envisage même d'ici 2015 de réduire l'obligation d'achat de l'électricité photovoltaïque au surplus non consommé par le bâtiment et non à la totalité de la production comme c'est le cas actuellement.
La maîtrise de la demande en énergie semble donc le point de départ de toute réflexion énergétique et c'est à ce prix que l'énergie solaire trouvera sa place durablement dans l'approvisionnement en chaleur et en électricité des batiments.