Si ce n'était pour la pression générée par le plan RePowerEU, en réaction aux conséquences énergétiques de la guerre en Ukraine, la vitesse actuelle de déploiement des énergies renouvelables en Union européenne serait-elle suffisante ? Pas exactement, mais le cap est le bon, à en croire les chiffres de l'année 2021 (1) publiées le 11 mai par le consortium EurObserv'ER (comprenant l'observatoire français, Observ'ER).
Une production en hausse
La force de ce « rebond fossile » a été telle qu'il s'est réalisé en dépit d'une augmentation de la production d'électricité renouvelable (quel que soit le calcul privilégié) : entre 1 079 et 1 085 térawattheures (TWh) en 2021, contre 1 060 TWh en 2020. Et ce, alors même que l'éolien, la principale source d'électricité verte (386,5 TWh), s'est avéré moins productif (- 11 TWh à l'échelle européenne). « La grande force des énergies renouvelables reste leur diversité et leur complémentarité, soutient EurObserv'ER. La baisse de la production éolienne a été plus que compensée par les autres filières renouvelables : + 18,6 TWh pour le solaire, + 9,9 TWh pour la biomasse, + 1,1 TWh pour l'hydraulique hors pompage. »
Une « manne économique » encore dépendante de l'exportation
Le rapport relève en effet que 97 % des nouvelles capacités électriques raccordées en 2021 provenaient des filières renouvelables, lesquelles ont par ailleurs généré 184,9 milliards d'euros (+13 % en un an) et créé, notamment du fait du « boom » des pompes à chaleur, 1,47 million d'emplois (+ 12 %) en équivalent temps plein. La balance commerciale est restée néanmoins négative en 2021 : la transition énergétique européenne s'appuie encore majoritairement sur un approvisionnement extérieur. Les 27 pays de l'Union européenne ont par exemple importé pour 9,6 milliards d'euros de biens et de services dans les technologies renouvelables à la Chine. « La force de la Chine provient principalement de ses atouts dans la technologie photovoltaïque et, dans une moindre mesure, dans l'hydroélectricité. » L'Allemagne, le Danemark et l'Espagne occupaient néanmoins à eux trois 80 % des parts du marché mondial d'exportation des technologies éoliennes en 2021. La France, quant à elle, ne s'est distinguée qu'à l'exportation de biocarburants, derrière les États-Unis, le Brésil et les Pays-Bas.