Stocker le carbone dans les sols pour limiter les émissions de gaz à effet de serre. Tel est l'objectif de l'Initiative « 4 pour 1000 » lancée en décembre 2015 par la France lors de la COP 21. Elle est basée sur une donnée simple : un taux de croissance annuel du stock mondial de carbone des sols de 4 pour 1000 permettrait d'absorber et de stocker l'équivalent des émissions anthropiques annuelles de CO2, soit 75 % des émissions de gaz à effet de serre.
Après plus de sept ans d'existence, l'initiative a dressé un bilan à l'occasion du salon Adnatura organisé en octobre dernier, à Montpellier (Hérault), par les professionnels de l'écologie et de la biodiversité. Si les acteurs étatiques, institutionnels et scientifiques sont bien au rendez-vous, tout se joue dans les champs. Cette idée du stockage du carbone dans les sols remet en question les pratiques agricoles dictées depuis plusieurs décennies par des recettes toutes faites, où la chimie tient une grande place. Pour Paul Luu, secrétaire exécutif de l'initiative, « les solutions viendront des agriculteurs. Il faut qu'ils développent leurs recettes à partir des retours d'expérience. Il faut qu'ils échangent pour trouver les solutions adaptées à chaque situation ».
Derrière ces nouvelles recettes à trouver, Paul Luu prône l'agriculture de conservation qui limite le travail des sols. Il encourage les agriculteurs à sauter le pas même s'il prévient que le changement de pratique et les conséquences sur l'équilibre – financier notamment - des exploitations, ne se font sentir qu'au bout de plusieurs années, « le temps de trouver le système qui va bien pour l'exploitation ». Mais c'est à ce prix que les exploitations retrouveront un sol vivant, stockeur de carbone. Capital essentiel de leur métier. Détails de l'entretien avec Paul Luu, rencontré au Salon Adnatura, en octobre dernier à Montpellier.