Si la planification de l'éolien en mer intervient sur une feuille quasiment blanche (aucune éolienne offshore implantée à ce jour mais deux projets bien avancés), l'éolien terrestre est déjà bel et bien implanté en France (5.086 MW en juillet 2010) même si on est encore loin des 19 GW prévus pour 2020 par l'arrêté de programmation pluriannuelle des investissements énergétiques du 15 décembre 2006.
Le risque est donc que le développement de l'éolien terrestre soit suspendu à l'adoption de ces schémas. Pour certains, c'est une rationalisation nécessaire, pour d'autres, c'est une complexification supplémentaire.
Des projets très encadrés
Les deux nouveaux instruments de planification de l'éolien terrestre, le schéma régional climat air énergie et son annexe, le schéma régional éolien, vont désormais s'imposer et/ou s'articuler avec les outils déjà existants, comme les zones de développement de l'éolien (ZDE) et les plans locaux d'urbanisme (PLU).
D'ici l'été 2011 le préfet de région et le président du conseil régional doivent avoir élaboré ces schémas, après consultation des collectivités territoriales concernées et des parties prenantes. Ces schémas identifieront le potentiel en énergie renouvelable des régions et fixeront des objectifs précis, tandis que le schéma régional de l'éolien définira les zones propices au développement de l'éolien.
Malgré la création de ces deux outils, les zones de développement de l'éolien (ZDE), introduites en 2008 et permettant aux porteurs de projets situés dans ces zones de bénéficier du tarif d'achat, sont maintenues et devront désormais se situer dans les zones propices.
Les plans climat énergie territoriaux (PLET), rendus obligatoires par le Grenelle de l'environnement pour les collectivités de plus de 50.000 habitants, devront eux aussi être compatibles avec ces documents d'orientation. De leur côté, les documents d'urbanisme doivent ''prendre en compte'' ces schémas et intégrer leurs objectifs.
L'encadrement de l'éolien a donc été largement renforcé, d'autant que les installations sont désormais inscrites dans le régime des installations classées pour la protection de l'environnement (ICPE).
''Ce n'est pas raisonnable'', analyse Fabrice Cassin, vice-président du Syndicat des énergies renouvelables – France énergie éolienne (SER-FEE), lors d'un séminaire sur l'énergie éolienne et la protection de la biodiversité, le 15 septembre dernier. ''La mise en œuvre pratique posera un certain nombre de difficultés'', reconnaît Daniel Delalande, de la direction générale de l'énergie et du climat au ministère en charge de l'Environnement.
Entre inquiétude des professionnels et satisfaction des associations
Les professionnels s'inquiètent de cet énième changement de régime de l'éolien et craignent un ralentissement des projets voire un blocage à l'issue des travaux : ''ces cartes montrent généralement une impossibilité de développement de l'éolien'' Pour Yann André, de la ligue de protection des oiseaux (LPO), ce zonage est au contraire la preuve ''que pour chaque territoire il y a une énergie adaptée. On ne peut pas implanter des éoliennes partout''. Mila Galiano, de l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie, va dans le même sens : ''malgré la fixation d'objectifs ambitieux, on ne peut pas faire n'importe quoi''.
Daniel Delalande précise le processus : .
Véritable territorialisation ? Certains élus locaux, porteurs de projets éoliens, s'alarment au contraire de la main mise de l'Etat, via les préfets de région, sur cette nouvelle planification.