Il n'y aura pas eu d'annonces fortes en faveur de l'environnement. Et l'absence remarquée du ministre d'Etat à la Transition écologique et solidaire Nicolas Hulot aura renforcé le trouble... Les Etats généraux de l'alimentation se sont conclus ce 21 décembre en laissant un goût amer à ceux qui attendaient des signaux forts de la part du gouvernement pour engager l'agriculture et le monde agroalimentaire dans une transition écologique. Car finalement, le gouvernement fait le pari de l'intelligence collective en mettant face à leurs responsabilités les différentes filières agricoles et agro-alimentaires qui ont rendu, mi décembre, leurs plans de transition. Et leur donne rendez-vous chaque année pour constater les progrès accomplis.
Les filières attendent des signaux du marché
15% de la surface agricole utile en bio en 2022 ?
Mais en dehors des grandes déclarations en faveur des modes de production respectueux de l'environnement et d'une alimentation de qualité pour tous, le gouvernement promet peu de concret en la matière : un nouveau plan Ambition bio à la fin du premier trimestre 2018 et un objectif pour la restauration collective d'atteindre 50% de produits biologiques, locaux ou sous signes officiels de qualité d'ici 2022. "Le gouvernement est prêt à reprendre à son compte l'objectif de 15% de surface agricole utile en bio, mais avant de le confirmer (...) il faudra évaluer les risques de dérapage budgétaire", a indiqué le Premier ministre. "Il faudra également évaluer la contribution des filières et des consommateurs". Le gouvernement s'est également engagé à consulter, dès janvier, la société civile sur les plans de filières adoptés, et à mobiliser la recherche publique sur la transformation des systèmes agricoles et les alternatives aux produits phytosanitaires. Sur le glyphosate, "nous voulons aider les filières agricoles à trouver des alternatives d'ici trois ans. Je crois à la mobilisation des agriculteurs en la matière", a déclaré Edouard Philippe.
"Nous regrettons que les annonces concrètes ne portent que sur la première partie des Etats généraux, [concernant la répartition de la valeur]. Nous ne nous satisfaisons pas de simples annonces de forme, sans que les objectifs et les moyens soient précisés", a réagi Camille Dorioz, coordinateur du réseau Agriculture de France nature environnement (FNE). Ce dernier a regretté que les conclusions de l'atelier 11, qui fixaient des objectifs forts en matière de transition écologique de l'agriculture, ne soient pas reprises. "Certes les filières doivent s'engager, mais le cap doit être fixé par le gouvernement", a déclaré Léopoldine Charbonneau, présidente du CIWF, résumant ainsi l'opinion de nombreux participants.