Le ministre de l'Agriculture Stéphane Travert a officiellement ouvert, ce mardi 29 août, les premiers ateliers des Etats généraux de l'alimentation, lancés le 20 juillet dernier par le Premier ministre. Quatorze ateliers thématiques (1) articulés autour de deux chantiers de travaux, se tiendront jusqu'à fin novembre. Ils réuniront 60 à 70 participants par atelier associant les parties prenantes aux discussions : producteurs du monde agricole et de la pêche, industrie agro-alimentaire, distributeurs, consommateurs, élus, partenaires sociaux, ONG, associations caritatives ou encore banques et assurances. Des contributeurs dont la liste précise n'a toutefois pas été communiquée hier par le ministre devant la presse. En revanche, M. Travert a dévoilé la liste des présidents de ces ateliers (2) issus du monde politique, agricole, associatif et industriel, ainsi que leur coordinateur, Olivier Allain, agriculteur et vice-président du conseil régional de Bretagne, chargé de centraliser les résultats de leurs travaux.
Les Etats généraux déclinés en région
Les préfets de région sont sollicités pour organiser des journées régionales, durant le mois d'octobre et début novembre, en collaboration avec les conseils régionaux et les chambres d'agriculture qui le souhaitent et les élus et les parties prenantes de la région. Ces journées aborderont soit le thème d'un atelier, soit elles se baseront sur le questionnement de la consultation publique, soit enfin sur une thématique régionale spécifique en lien avec les Etats généraux.
Prix "justes" pour les agriculteurs et les consommateurs
Cet atelier "sur les prix d'achat aux agriculteurs requiert l'analyse d'aspects très techniques de modalités de formation des prix des produits agricoles ou encore sur le lien entre prix payé au producteur et prix pour le consommateur", a précisé le ministre. François Eyraud, directeur général de Produits frais Danone, et Serge Papin, PDG de système U, co-président ce groupe. Cette présidence confiée aux distributeurs et aux industriels est toutefois critiquée par les organisations agricoles, comme la Coordination rurale et la Fédération nationale des producteurs de lait (FNPL). Cet atelier se tient aussi au moment où l'association de consommateurs UFC Que choisir dénonce ce mardi les marges réalisées par les distributeurs qui seraient notamment responsables du surcoût des produits bio en grande surface.
Un autre atelier n°2 aborde aussi, ce 29 août, les initiatives locales, comme les circuits courts ou de proximité, "les freins à leur développement, les projets alimentaires territoriaux, la contribution de la restauration collective au soutien aux productions locales", a listé M. Travert. La maire PS de Nantes, Johanna Rolland, préside avec le député LREM François-Michel Lambert cet atelier. Les attentes des consommateurs en termes de qualités nutritionnelles ou environnementales seront aussi évoquées dans l'atelier n°1 mercredi 30 août. Il est co-piloté par Jean-Yves Mano, président de l'association de consommateurs CLCV et le directeur des laiteries Triballat, Dominique Verneau.
L'atelier n°3 se penchera aussi sur la bio-économie et l'économie circulaire, avec à sa tête Rémi Haquin, président de la société Adivalor, chargée d'organiser la collecte et le recyclage des déchets agricoles, et Karen Serres, présidente du réseau Trame (3) . "Il sera nécessairement question de la consommation des matières premières non renouvelables, du développement du recyclage, ainsi que de la valorisation des déchets de l'agriculture et de l'agroalimentaire. Ce sont des questions que nos concitoyens se posent de plus en plus fréquemment", a indiqué le ministre.
Des modèles agricoles "complémentaires" et "durables"
A l'issue de ce premier chantier qui s'achèvera fin septembre, le Président de la République Emmanuel Macron devrait présenter les mesures retenues sur ces questions, à la mi-octobre. "Le calendrier des ateliers du chantier n°1 est serré si l'on veut que ses résultats puissent être intégrés dans les négociations d'automne entre distributeurs et industriels de l'agroalimentaire", a insisté Stéphane Travert. La réussite du chantier n°1 "conditionne celle du chantier n°2", a-t-il ajouté. Les six ateliers de ce chantier, consacré à une alimentation saine, sûre, durable et accessible à tous, démarreront le 3 octobre. Le député PS Dominique Potier qui plaide pour "une politique foncière juste" et la sénatrice LR Sophie Primas sont à la tête de l'atelier sur la transition écologique et solidaire de l'agriculture. Le député PS Guillaume Garot présidera quant à lui l'atelier sur le gaspillage alimentaire.
En pleine affaire des œufs contaminés au pesticides fipronil et amitraze, la prévention des contaminations chimiques sera aussi discutée lors de l'atelier 8, y compris les impacts du changement climatique sur la sécurité alimentaire. La première réunion de cet atelier, présidé par Marion Guillou, présidente d'Agreenium (institut agronomique, vétérinaire et forestier de France), se tiendra le 4 octobre. Le gouvernement n'a cependant pas fini d'arbitrer les questions concrètes qui seront discutées lors de ces ateliers destinés à pousser le monde agricole à développer des pratiques plus vertueuses.
"Nous devons trouver la meilleure complémentarité [des modèles agricoles], les faire évoluer pour qu'ils concourent tous au développement de l'alimentation toujours plus saine, sûre et durable", a déclaré lundi M. Travert, lors de sa conférence de presse. "La transition écologique de l'agriculture, dont la nécessité est indiscutable, ne se fera dans de bonnes conditions que par la définition d'une trajectoire acceptable et acceptée par tous, avec notamment une mobilisation de la recherche pour surmonter les impasses techniques actuelles et, surtout, avec du pragmatisme", a-t-il réitéré.
Un quatorzième atelier transversal, de mi-septembre à fin novembre, doit discuter de la répartition des cinq milliards d'euros du plan de modernisation de l'agriculture, promis par Emmanuel Macron sur cinq ans. La présentation des conclusions des 14 ateliers devrait se tenir mi-décembre.