« La construction du terminal T4 à l'aéroport de Roissy est un projet obsolète incompatible avec la loi Climat Résilience », a réaffirmé dans un tweet Barbara Pompili, la ministre de la Transition écologique, suite à son interview dans le journal Le Monde (1) .
Le maître d'ouvrage, Aéroports de Paris (ADP) prévoyait initialement d'augmenter la capacité d'accueil de l'aéroport Charles de Gaulle de 50 %. Ce dernier estimait en effet que l'aéroport devrait être saturé à compter de 2024. Il prévoyait donc la création d'un nouveau terminal (T4), d'aires pour les avions, de routes, d'un transport automatisé de personne, d'une centrale thermique frigorifique électrique ainsi que l'extension de l'oléoréseau existant.
L'année dernière, la Commission nationale du débat public (CNDP) avait pointé que "l'Etat n'a pas justifié la contradiction relevée par les participants entre l'augmentation du trafic aérien et les engagements climatiques de la France".
Ce projet était également contesté par des élus locaux et plusieurs associations : quinze d'entre elles avaient notamment déposé un recours en mai dernier demandant l'annulation du document d'urbanisme définissant l'aménagement du territoire Roissy Pays de France.
En juillet dernier, l'Autorité environnementale (Ae) avait incité le maître d'ouvrage à réévaluer les impacts de son projet et à le revoir en partie.
Un nouveau projet présenté
La crise de la pandémie de Covid-19 aidant, le projet de terminal 4 a donc finalement été abandonné. Et le Gouvernement a demandé au groupe ADP de présenter un nouveau projet d'aménagement pour l'aéroport de Paris-Charles de Gaulle. « Après la décision de l'État de demander au groupe ADP l'abandon de l'actuel projet de Terminal 4 ainsi que la présentation d'un nouveau projet d'évolution de la plateforme de Paris-Charles de Gaulle, le Groupe ADP engage un temps de réflexion sur les enjeux d'avenir de l'aéroport. Les plateformes parisiennes ont vocation à devenir leaders de l'aviation verte, au service de toutes nos parties prenantes, et notamment des territoires riverains de l'aéroport ».
Une nouvelle qui laisse certaines associations dubitatives.«C'est une action de communication du Gouvernement, mais il n'y a rien de nouveau sous le soleil, a notamment tweeté l'association Non au terminal 4 de Roissy, qui a expliqué son point de vue à Reporterre (2) . C'est donc bien une nouvelle demande de révision, et pas une annulation : à partir du moment où un projet permet l'augmentation du trafic aérien, c'est une hérésie dans un monde en proie aux dérèglements climatiques ».
Du côté du Gouvernement, le développement de « l'avion vert » est effectivement mis en avant. « ADP a un rôle essentiel à jouer dans cette transition pour concilier le développement du trafic hors réseau domestique, la préservation de la connectivité de la France et le renforcement du hub parisien avec les objectifs ambitieux de réduction des émissions de gaz à effet de serre du transport aérien », indiquent dans un communiqué commun les ministères de la Transition écologique et de l'Economie ainsi que le ministre des Transports. Le nouveau projet d'évolution de la plateforme de Paris-Charles de Gaulle devra s'inscrire dans cette perspective mais également celle de l'objectif de neutralité carbone à horizon 2050. « Il devra notamment prévoir les nouvelles infrastructures nécessaires à l'avion décarboné, améliorer la performance environnementale des aérogares et renforcer l'intermodalité avion/train, qui permettra d'accroître fortement les alternatives ferroviaires aux vols aériens pour desservir l'aéroport dans les trajets qui nécessitent des correspondances », précisent les ministères. Le projet global devrait être validé dans le cadre du renouvellement du contrat de régulation économique qui lie l'Etat et le groupe ADP.