Le Facteur carbone le plus bas depuis 2001
''La baisse du facteur carbone européen en 2008 est d'une ampleur jusqu'à présent inégalée depuis le lancement de l'étude en 2001'', explique Olivier Muller, directeur en charge du changement climatique chez PwC. Depuis 2001, ce facteur oscillait en effet autour de 370 kgCO2/MWh. Les entreprises dont le mix énergétique se compose principalement d'hydraulique et/ou de nucléaire présentent un facteur carbone inférieur à la moyenne européenne. C'est le cas de GDF Suez Europe, Iberdrola, PVO, British Energy, EDF, Verbund, Fortum et Statkraft.
Sur les 20 électriciens étudiés, 17 ont réduit leur Facteur carbone par rapport à 2007 et notamment le groupe RWE (-13%), Enel (-15%), Union Fenosa (-22%) et PVO (-29%). British Energy enregistre en revanche une hausse de 17 %.
Alors que les années précédentes, les variations du Facteur carbone traduisaient les évolutions des conditions météorologiques et par conséquent le taux de recours à l'énergie hydroélectrique, la baisse de l'année 2008 est imputable à un changement de mix électrique pour plusieurs électriciens avec une diminution du recours au charbon au profit du gaz naturel. L'année 2008 a en effet été marquée par des prix élevés des matières premières et notamment du charbon avec un pic historique en juillet (220$/tonne). Ainsi le groupe Enel a fortement réduit son recours au charbon tandis que l'Allemagne a privilégié le nucléaire, dont la part est passée de 18% à 27%.
Un impact marginal des EnR
Ces évolutions ne sont donc pas le fruit des politiques en faveur du développement des énergies renouvelables : ''notre analyse révèle que les énergies renouvelables ont contribué de façon marginale à la diminution du Facteur carbone en 2008'', précise Olivier Muller. Selon le cabinet PwC, les nouvelles unités de production éoliennes, phovoltaïques, géothermiques ou à base de biomasse servent pour l'instant à compenser les hausses de consommation et à limiter le recours à l'hydraulique trop dépendante des conditions météorologiques. Ainsi alors que l'hydraulique représentait 95% des sources d'énergies renouvelables en 1990, ce taux est passé à 73% en 2006.
Dans certains pays, la part d'énergie produite à partir d'énergies renouvelables a même diminué. Selon les données d'Eurostat, en Espagne par exemple, la part des EnR dans la consommation totale d'énergie a diminué de 11% entre 1997 et 2007. En France, 7% de la consommation totale d'énergie est assurée par de sources renouvelables, un taux globalement stable par rapport à 1997. En revanche, les énergies renouvelables ne produisent que 13,3% de l'électricité consommée alors qu'en 1997 ce taux atteignait 15,2%.
Situation exceptionnelle ou tendance de fond ?
''Il est encore trop tôt pour affirmer que cette baisse du Facteur carbone reflète une tendance de fond qui se confirmera au cours des prochaines années'', analyse Olivier Muller. Il semblerait en effet, à première vue, que le choix des énergéticiens a été conduit par des considérations économiques et non écologiques. Le marché européen du carbone et l'entrée dans la seconde période de réduction des quotas d'émissions (2008-2013) ont pu toutefois influencer les électriciens.
''Il est prématuré de dire que cette tendance sera durable'', renchérit Didier Houssin, directeur des marchés et de la sécurité énergétique à l'Agence Internationale de l'Energie. L'AIE s'attend en effet à une baisse des consommations en 2009 pour cause de crise économique mais parallèlement le prix des matières premières pourrait remonter. Dans son dernier World Energy Outlook 2009 publié le 10 novembre, l'AIE table sur un accroissement de la demande mondiale d'énergie primaire de 1,5 % par an entre 2007 et 2030 si aucune politique de décarbonisation n'est mise en place. La demande mondiale d'électricité devrait croître à un taux annuel de 2,5 % d'ici à 2030, principal moteur de la demande de charbon et de gaz.