A quelques jours du sommet sur le climat (1) organisé par les Nations unies à New York, WWF France publie une note d'analyse (2) sur les liens entre la France et le charbon (3) . Malgré les objectifs climatiques fixés au niveau national, l'ONG rappelle "le soutien que la France apporte encore aux projets d'infrastructures fortement émettrices de gaz à effet de serre, comme les projets de centrales à charbon".
Tout d'abord, l'Etat est actionnaire majoritaire d'EDF. Or, l'électricien investit encore dans des centrales au charbon à travers le monde. "Depuis 2009, l'entreprise est partenaire dans l'exploitation d'une centrale de la province du Henan, en Chine. En 2011, elle a décidé d'investir 1,8 milliard d'euros pour équiper son site de Rybnik, en Pologne, d'une chaudière de 900 MW supercritique", peut-on lire sur le site internet d'EDF. Dernier projet en date : la construction, en partenariat avec le chinois China Datang Corporation, d'une centrale ultra-supercritique (4) de 2.000 MW en Chine. "L'Etat doit s'assurer, quand ses entreprises énergétiques sont impliquées en dehors de ses frontières sur de tels projets, qu'elles se soumettent à des obligations comparables à celle de la France", estime le WWF.
Par ailleurs, les pouvoirs publics ont validé le projet d'une centrale à charbon en Nouvelle Calédonie, pour remplacer la centrale au fioul de l'usine de production de nickel. WWF rappelle que le charbon "a été préféré à un celui d'un mix énergétique gaz-énergies renouvelables pour des raisons avant tout financières". La société Le nickel (SLN), qui porte le projet, pourrait même "demander à disposer d'aides fiscales de l'Etat pour réduire le coût de cet ouvrage", précise le WWF, ajoutant : "L'Etat doit modifier rapidement le régime de défiscalisation ultramarine en refusant tout soutien fiscal à des projets d'investissement productif en Outre-mer non vertueux".
Un tournant annoncé dans la politique de développement
Par ailleurs, l'association rappelle qu'en mars 2013, François Hollande avait annoncé l'abandon des soutiens de l'Agence française de développement (AFD) aux projets sur le charbon. La loi d'orientation et de programmation relative à la politique de développement, adoptée en février 2014, a en effet inscrit la préservation de l'environnement comme une priorité.
Mais, les années précédentes (2007-2013), "la France a soutenu de nombreux projets par ses votes au sein des banques multilatérales de développement et de la Banque européenne d'investissement (BEI)", rappelle l'ONG. De même, par l'intermédiaire de l'agence de crédit à l'exportation (Coface), la France a soutenu, sur la même période, le développement de centrales à charbon à hauteur de 1,67 milliards de dollars. "Ce montant place la France au top 10 mondial des soutiens aux projets de centrales à charbon".