"Nous sommes aujourd'hui dans une situation d'urgence", a alerté Shinji Kinjo, responsable d'un groupe de travail à l'Autorité de régulation nucléaire (NRA), selon Reuters, à propos des déversements d'eau radioactive, de la centrale nucléaire de Fukushima dans l'océan.
Tokyo Electric Power (Tepco), l'exploitant de la centrale a finalement reconnu, le 22 juillet dernier, des fuites d'eaux souterraines radioactives dans le Pacifique, suspectées depuis plusieurs mois.
Les volumes d'eaux contaminées sur le site seraient estimés à plusieurs centaines de milliers de m3, selon l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN). Le refroidissement des cœurs des réacteurs implique en effet une injection permanente d'eau. Celle-ci s'écoule ensuite dans les sous-sols des bâtiments où elle est reprise pour être traitée et réutilisée pour le refroidissement des cœurs.
Des niveaux de radioactivité multipliés par 47
Pour réduire les risques de flux contaminés vers la nappe phréatique, Tepco s'efforce de maintenir le niveau d'eau dans les bâtiments à une altimétrie inférieure à celle de la nappe.
Après la détection d'une radioactivité élevée (1) (de l'ordre de 500.000 Bq/l en tritium et 1.000 Bq/l en strontium), dans un forage situé en bordure de l'océan, l'exploitant a également creusé des forages complémentaires pour tenter de repérer l'origine de la fuite (2) .
Des mesures ont montré une augmentation dans le temps des teneurs en césiums 134 et 137 dans un forage. Selon le quotidien japonais Asahi Shimbun du 6 août (3) , les niveaux de radioactivité auraient été multipliés par 47 en cinq jours.
Pour contenir les déversements, Tepco tente désormais de renforcer l'étanchéité du sol au niveau de ce secteur par des injections de produits étanchéifiants.
Selon un article du 3 août d'Asahi (4) , ces derniers seraient toutefois efficaces seulement à plus de 1,80 mètre de profondeur alors que les nappes phréatiques remonteraient à un mètre.
L'opérateur entreprend également la réalisation d'un écran étanche entre les installations et l'océan (échéance de fin de travaux prévue pour mi-2014).
"Ce type d'écran ne permet toutefois pas de se prémunir totalement des risques de contamination de l'océan s'il n'est pas complété par un pompage de la nappe, estime l'IRSN, il existe un risque de contournement de l'écran du fait de l'apport permanent d'eau de nappe". L'institut considère également que ce pompage renforcerait le besoin en capacité de traitement et d'entreposage des eaux et complexifiera davantage la gestion globale des eaux contaminées du site.
De 20 à 40 mille milliards de becquerels en fuite
Tepco aurait estimé la fuite dans l'océan entre 20 à 40 mille milliards de becquerels, de mai 2011 (soit deux mois après le tsunami) à juillet 2013, selon Reuters.
D'après l'agence de presse, Tepco envisage de pomper près de 100 tonnes d'eau souterraine supplémentaires par jour à la fin de la semaine.
"Les mesures prévues par l'opérateur de la centrale ne sont que des solutions temporaires, a toutefois estimé Shinji Kinjo, responsable d'un groupe de travail à l'Autorité de régulation nucléaire (NRA), selon Reuters, nous ne pouvons pas laisser Tepco agir seul".