Ce mercredi 25 juin, les professionnels de la géothermie ont lancé le cluster Géodeep et proposé la création qu'un fonds assurantiel de 100 millions d'euros pour développer la géothermie haute énergie en France et à l'international. L'objectif affiché est de développer 20 centrales géothermiques, avec à la clé 2 milliards de chiffre d'affaires et la création de 1.000 emplois. Dix centrales seraient déployées en France métropolitaine, quatre dans les départements et régions d'outre-mer et six à l'étranger.
Si la France dispose de compétences dans le domaine de l'électricité géothermique, aujourd'hui l'objectif de la filière est de développer des démonstrateurs en France et de proposer une offre globale pour s'imposer à l'export.
Longtemps cantonnée aux centrales de Bouillante (Guadeloupe) et de Soultz-sous-Forêts (Alsace), la production géothermique d'électricité connaît en France un regain d'intérêt depuis deux ans. Figurant parmi les priorités affichées par l'exécutif, le secteur a bénéficié depuis un an de l'attribution de huit permis exclusifs de recherches de gîtes géothermiques à haute température : les permis de Durningen, de Soufflenheim, d'Illkirch-Erstein et de Strasbourg (Bas-Rhin), attribués en juin 2013, le permis d'Arzacq (Landes et Pyrénées-Atlantiques), accordé en février 2014, et les permis de Vistrenque (Bouches-du-Rhône et Gard) et du Val de Drôme (Ardèche et Drôme) , accordés en mars 2014. De plus, 25 permis sont actuellement en cours d'instruction.
L'offre packagée de Géodeep
Le cluster Géodeep rassemble douze entreprises de l'industrie énergétique et deux syndicats professionnels portant la géothermie, l'Association française des professionnels de la géothermie (AFPG) et le Syndicat des énergies renouvelables (SER). Le Bureau de recherche géologique et minière (BRGM) participe aussi au cluster. L'objectif est de proposer une "offre packagée", allant de l'exploration du sous-sol à l'exploitation de la centrale, couvrant à la fois la géothermie profonde et la géothermie volcanique.
Il s'agit surtout, explique le cluster, "[d'articuler] deux atouts français que sont les secteurs du sous-sol et celui de l'énergie". La répartition des rôles prévoit que Géodeep fasse la promotion à l'international de la filière française et que les industriels portent directement leurs projets. "Géodeep est notre outil marketing à l'international", résume Sylvain Brogle, directeur développement international de Clemessy.
Dans cette optique, le cluster regroupe aussi bien des spécialistes de l'ingénierie géothermique, tel que le BRGM, que des fabricants de matériel, comme Alstom, ou des constructeurs de centrale, avec Clemessy, des intégrateurs et développeurs de projets, à l'image d'EDF-ES Géothermie et de Fonroche, ou enfin des exploitants, comme GDF Suez – Cofely.
100 millions d'euros pour assurer le risque géothermique
Par ailleurs, pour soutenir le développement de la filière, le cluster propose à l'Etat de monter un fonds public-privé de garantie du risque géologique. D'un montant de 100 millions d'euros, le fonds est destiné à faciliter le développement de projets géothermiques profonds en France et à l'export, afin d'offrir une vitrine à la filière française.
Actuellement, avec environ 60% d'échec, les premières phases du projet sont les plus risquées. En effet, comme dans l'industrie pétrolière, même si la modélisation du sous-sol est favorable, le développement d'un projet peut tourner court si les forages ne confirment pas le potentiel. "La géothermie est rentable, mais si ça rate ça fait mal", résume Alain Chardon, directeur Cleantechs chez Cap Gemini, expliquant que le résultat des forages fait basculer le projet de la rentabilité à la perte sèche…
Concrètement le fonds sera financé à hauteur de 50 millions par les pouvoirs publics, sous forme d'avances remboursables pour les deux tiers. Les 50 autres millions seront apportés par les opérateurs privés, notamment par les porteurs de projets bénéficiant de l'assurance du fonds.
L'originalité du financement réside dans la combinaison de primes et de royalties. Le fonds aura une première phase active de dix ans au cours de laquelle il fonctionnera grâce aux financements publics et aux versements des primes des porteurs de projet. S'agissant de ces derniers, ils devront verser une prime, de l'ordre de 10% de leur investissement, pour être couvert lors de la phase exploratoire. Si le projet échoue, ils seront indemnisés.
Après dix ans d'activité, le fonds entre dans une phase passive de quinze ans dont l'objectif est de rembourser les avances accordées par les pouvoirs publics. Pour cela, le système prévoit que le fonds de garantie se rémunère via des royalties payées par les projets assurés au cours de la première période et ayant abouti.