Après ceux consacrés au solaire, à l'éolien, à la méthanisation et à la chaleur renouvelable, le ministère de la Transition écologique envisage de lancer un groupe de travail dédié au bois énergie, annonce, ce jeudi 23 mai, Olivier David. Le chef de service climat et efficacité énergétique du ministère s'exprimait à l'occasion de la première journée bois-énergie organisée par les acteurs de la filière. Le futur GT devra adopter des mesures concrètes pour permettre à la filière d'atteindre les objectifs inscrits dans la future programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE). Pour les professionnels, l'annonce constitue "une bonne nouvelle", estime Mathieu Fleury, président du Comité interprofessionnel du bois énergie (Cibe). En effet, le GT dédié à la chaleur renouvelable n'a abordé qu'à la marge les questions relatives au bois.
Régler les questions qui traînent
Sauf surprise à l'issue des élections européennes, le lancement officiel du GT bois-énergie devrait être annoncé en juin, dans la foulée de la clôture des travaux de celui dédié à la chaleur renouvelable. A priori, l'objectif est d'aboutir à des conclusions en septembre prochain. "En deux mois, nous allons accélérer sur des sujets qui traînent depuis des années", espère Mathieu Fleury.
Parmi les thèmes abordés, le ministère évoque notamment l'amélioration de la mobilisation de la biomasse, ainsi que l'acceptabilité des gros projets. Du côté du bois domestique, le renouvellement des chauffages des particuliers constitue un enjeu pour améliorer le rendement énergétique et réduire les émissions de CO2 et de polluants. Dans le même esprit, la communication autour des bonnes pratiques sera au menu des discussions. Au rayon des simplifications règlementaires, la gestion des cendres est un thème cité aussi bien par le ministère que les professionnels.
Pour leur part, les professionnels attendent surtout des mesures financières pour rétablir l'équilibre économique des projets. Ils entendent notamment discuter des modalités d'accès au fonds chaleur. En outre, le ministère travaille à la transformation en prime du crédit d'impôt pour la transition écologique (CITE) applicable aux installations de chauffage individuel au bois. Cette prime devrait bénéficier aux ménages modestes et être versée par l'Agence nationale de l'habitat (Anah), a expliqué le représentant du ministère. Les autres ménages devraient rester sous le régime du crédit d'impôt. La filière bois énergie sera attentive aux détails du futur dispositif, prévient Alexandre Roesch, délégué général du Syndicat des énergies renouvelables (SER).
La taxe carbone pour concurrencer le gaz
Pour autant, les professionnels rappellent que l'enjeu principal pour le développement du bois énergie est l'abandon de la hausse programmée de la contribution climat énergie. C'est particulièrement vrai pour les chaudières biomasse qui sont en concurrence avec celles fonctionnant au gaz. Aujourd'hui, la chaleur délivrée par une installation biomasse est 5 à 10 % plus chère que celle produite à partir du gaz, fait valoir Pascal Roger, président de la Fédération des services énergie environnement (Fedene). En dix ans, la perspective a radicalement changé : le prix des énergies fossiles a baissé et personne n'envisage de hausse à moyen terme. Seul la contribution climat énergie peut donc venir rééquilibrer les données économiques en faveur du bois.
Avec la trajectoire haussière validée avant la crise des gilets jaunes, un projet difficilement compétitif le devenait au fil du temps. Dorénavant, les promoteurs du bois énergie ne peuvent plus s'appuyer sur un renchérissement progressif et programmé des énergies fossiles. En conséquence, faute de relance de la taxe carbone, ils estiment notamment qu'il faudra attendre 2021 pour que le bois retrouve la compétitivité de 2014…