Du dihydrogène (H2) dans l'industrie, en mer… et bientôt chez soi ? C'est le pari de deux sociétés immobilières implantées, pour la première, dans le Finistère, pour la seconde, en Île-de-France.
Stockage en été, électricité en hiver
Pour commencer, Trecobat, un constructeur immobilier breton, entend mener un programme expérimental en compagnie d'une autre société finistérienne, H2Gremm, spécialisée dans l'autoconsommation énergétique. Ce programme sera développé à la villa « E-Roise » (Brest), qui a fait partie d'une série de « maisons tests » construites et suivies dans le cadre du projet « conception et construction optimisées de maisons à énergie positive » (Comepos) de l'Agence de la transition énergétique (Ademe). Lancé en 2013 et achevé en 2020, ce projet avait pour objectif d'évaluer le bilan énergétique de premiers logements dits à énergie positive. Dans le cas de la villa brestoise, il s'agissait d'autoconsommer l'électricité produite par des panneaux photovoltaïques. Habitée depuis déjà plusieurs années, la demeure va à nouveau servir de cobaye pour Trecobat et H2Gremm pendant les deux années à venir.
Les deux entreprises prévoient d'installer un électrolyseur, qui convertira en H2 l'électricité photovoltaïque en excédent, et le stockera dans des bouteilles à haute pression pendant au moins trois mois. Cette nouvelle « brique » énergétique est censée couvrir deux besoins. Le premier est de reconvertir le gaz en électricité, à l'aide d'une pile à combustible, en hiver, période de faible ensoleillement et de forts besoins énergétiques. Le second est de fournir le carburant nécessaire à un vélo à assistance électrique mis à la disposition des habitants, cette fois en utilisant directement le gaz produit.
Le tout doit ainsi pousser l'autonomie énergétique de la demeure à plus de 80 % sur toute l'année. À terme, Trecobat compte généraliser cette « offre ». Mais pour financer ce « pilote », elle doit encore « candidater à l'appel à projets de recherche "Bâtiment responsable" de l'Ademe d'ici à décembre 2023 », confie son directeur technique, Régis Croguennoc.
De l'hydrogène dans la chaudière
Du côté de l'Essonne, Green Eco-Promotion, l'une des filiales du promoteur immobilier Promogim, mise sur un concept similaire à une échelle plus grande : un bâtiment résidentiel de 28 logements comprenant quatre commerces en pied d'immeuble.
Lauréate en octobre 2022 d'un appel à projets lancé par GRDF, le gestionnaire du réseau français de gaz, sur les solutions hybrides dans le bâtiment, Green Eco-Promotion prévoit pour la future résidence « Le Chemin du Roy », à Brunoy, un « recours massif au bois dans la construction ». De quoi déjà « réduire de 30 % la facture énergétique », estime le promoteur. Ce dernier mise ensuite, lui aussi, sur la production d'H2. Il fera appel à deux couples d'électrolyseurs de 45 kilowatts (kW), conçus par l'entreprise De Dietrich (BDR Thermea) et alimentés par 32 panneaux photovoltaïques en toiture (capacité totale : 10,5 kW). Ce dispositif viendra compléter une chaudière à gaz classique. « L'hydrogène ainsi produit est directement réinjecté dans la chaudière, remplaçant en partie le gaz de ville, avec un objectif de 40 % d'hydrogène dans le mélange », avance Green Eco-Promotion. La chaleur du processus de production du gaz « vert » viendra également préchauffer un ballon d'eau chaude sanitaire. Toujours selon le promoteur, le dispositif devrait valoir le « même prix qu'une solution de pompe à chaleur, sans surcoût à ce jour ». L'immeuble, quant à lui, sera livré au deuxième trimestre 2025.