L'Europe n'a pas terminé de soutenir l'hydrogène « vert ». L'Union européenne a décidé de financer le projet FrHyGe à hauteur de 20 millions d'euros, à travers l'appel à projets du Partenariat pour l'hydrogène renouvelable (CHP, ex-Projet commun pour l'hydrogène et les piles à combustible ou FCH2JU). Ce projet est porté par un consortium de dix-sept partenaires, dont la filiale d'Engie, Storengy, l'Institut national de l'environnement industriel et des risques (Ineris) ou encore GRTGaz, le plus grand réseau de transport de gaz de l'Hexagone. Au total, son coût est estimé à 43 millions d'euros (dont seulement 27 millions de dépenses éligibles à l'aide européenne).
L'objectif ? « Mettre en œuvre un démonstrateur sur le site de stockage souterrain de Manosque (Alpes-de-Haute-Provence) et étudier la réplicabilité de cette technologie sur le site de Harsefeld (près d'Hambourg) en Allemagne et plus largement à l'échelle de l'Europe », indique Storengy, société coordinatrice du projet. Plus concrètement, il s'agit de convertir une cavité saline, jusque-là utilisée pour conserver du gaz naturel par le groupement d'intérêt économique Géométhane, pour y stocker du dihydrogène (H2). Le projet doit ensuite « démontrer la faisabilité » d'injection et de soutirage d'au moins 100 tonnes de H2 une centaine de fois. Le tout sera couplé avec des études économiques et scientifiques, notamment de réplicabilité, en cohérence avec deux autres projets déjà financés au niveau européen : GéoH2, côté France, et SaltHy, côté Allemagne. Lancé le 1er mars dernier, le projet doit aboutir d'ici à 2029. « À terme, en phase d'exploitation commerciale, les deux cavités à Manosque permettront de stocker 6 000 tonnes d'hydrogène. À Harsefeld, une capacité de stockage de 5 200 tonnes est prévue. »
Le projet FrHyGe fait partie des 31 projets sélectionnés en clôture de l'édition 2023 de l'appel à projets du CHP. Un nouvel appel à candidatures (1) est ouvert jusqu'au 17 avril. Parmi les lauréats les plus ambitieux, deux projets territoriaux (surnommés « hydrogen valleys ») se situent en France : AdvancedH2Valley, mené par l'entreprise Lhyfe dans la vallée de la Loire, pour 64 millions d'euros (dont 9 millions apportés par l'UE) et Imaghyne, porté pour 192 millions (dont 20 millions d'aide europénne) par Storengy et la Compagnie nationale du Rhône (CNR) en lien avec un autre projet de stockage souterrain d'hydrogène intitulé Hypster. Par ailleurs, d'autres projets similaires, financés par l'UE, sont en cours : Stor'Hy près de Nancy, porté également par Storengy, Delphy par Vallourec dans le Nord, HyGéo par Teréga en Nouvelle-Aquitaine ou encore Hygreen Provence par Air liquide.