En effet, parmi les pratiques les mieux assimilées par les Français, le tri du verre (77%) arrive en tête, suivi du tri des piles usagées (73%), le tri des papiers (71%), le tri des emballages (71%). Ces pratiques ont progressé de manière significative depuis 1998 (INSEE, 1999) où 36 % des ménages déclaraient trier régulièrement le papier, 24 % les piles et 20 % le plastique.
Une large majorité des ménages déclare également faire attention à sa consommation d'électricité (84 %) et d'eau (77%). Les Français semblent aussi apporter une attention particulière à la consommation d'énergie lors de l'achat d'un électroménager à l'instar des 59% des foyers interrogés qui déclarent s'en soucier. Des chiffres tellement encourageants et élevés que l'on doute parfois de leur représentativité voire de leur crédibilité : 69% des foyers déclarent en effet arrêter complètement la télévision plutôt que de la laisser veille !
En revanche des efforts restent à faire en ce qui concerne l'achat des produits issus de l'agriculture biologique, l'équipement en ampoules basse consommation ou l'attention à la quantité de déchets qu'implique un achat. En effet, ils ne sont que 21% à avoir acheté des produits bio au cours du dernier mois et utilisent encore trop peu d'ampoules basse consommation (15%). Faire attention à la quantité de déchets qu'implique l'achat d'un bien est également une attitude encore peu répandue.
Cette enquête, conduite en janvier 2005 par l'INSEE en partenariat avec l'IFEN, l'ADEME et la direction des études économiques et de l'évaluation environnementale du ministère de l'Écologie, du Développement et de l'Aménagement durables, montre que l'adoption des comportements environnementaux dépend de la sensibilité environnementale des individus, mais pas uniquement. Ils seraient aussi déterminés par les contraintes du cadre de vie (grande agglomération, ville moyenne, centre-ville, périphérie), l'habitat (appartement, maison individuelle), les rythmes de vie et les facilités offertes aux habitants par les collectivités (collecte sélective des déchets, pistes cyclables). Les ménages qui adoptent peu de pratiques se rencontrent plus souvent parmi ceux qui résident à Paris, dans son unité urbaine ou dans les centres-ville des grandes agglomérations, fait en effet remarquer l'IFEN. Par ailleurs, les ménages habitant une maison individuelle sont 80 % à déclarer trier régulièrement les emballages plastiques contre 56 % quand ils résident dans un appartement situé dans un immeuble de 10 logements et plus.
Toutefois, la multiplication des maisons individuelles en zones pavillonnaires est aussi à l'origine de problèmes environnementaux : dépendance accrue à la voiture, consommation d'énergie et émission de gaz à effet de serre plus importante par habitant. Un périurbain en maison individuelle émet 2 à 3 fois plus de CO2 qu'un habitant de centre-ville en appartement, selon l'IFEN.
Par ailleurs, même si cela s'avèrerait prévisible puisque l'urgence environnementale reste relative à la situation vécue au quotidien, c'est une certaine aisance sociale qui rend les ménages plus réceptifs au sens collectif (citoyenneté, solidarité avec les générations futures) contenu dans les gestes environnementaux, note l'IFEN.
Enfin, alors que les Français considèrent de plus en plus les voitures comme une source de nuisances (pollution de l’air, bruit, insécurité, congestion), le parc automobile français a augmenté de 5% entre 1990 et 2005 et les distances parcourues de 7% par véhicules sur cette même période. Hausse qui s’explique notamment par l’étalement urbain et la dissociation spatiale des lieux de vie, de travail, de production, de consommation et de loisirs. Pour l’ifen, cet exemple montre bien que le changement des comportements ne peut se résumer à la question de la sensibilisation de la population. Un certain nombre de nos pratiques sont insérées dans un tissu dense de contraintes matérielles qui peut limiter sévèrement le champ des possibles !