Ce jeudi 6 février, au salon EnerJ-meeting à Paris, Emmanuel Acchiardi, sous-directeur de la Direction de l'habitat, de l'urbanisme et des paysages (DHUP), a détaillé les simulations en cours qui serviront à déterminer les critères et les seuils de la prochaine réglementation environnementale (RE 2020) des bâtiments neufs, qui entrera en vigueur à partir du 1er janvier 2021.
Résultats des simulations au printemps 2020
Pour rappel, depuis fin 2016, les maîtres d'ouvrage volontaires anticipent la RE 2020, à travers l'expérimentation des seuils du référentiel E+C- (Énergie positive et Réduction carbone). La RE 2020 impose des objectifs de performance énergétique plus ambitieux et intègre l'impact carbone des bâtiments. Aujourd'hui, l'observatoire E+C- contient 1 100 bâtiments qui ont testé le référentiel. Soit 650 maisons individuelles, 300 logements collectifs et 150 bâtiments tertiaires, a précisé M. Acchiardi. En novembre dernier, la majorité des bâtiments de l'Observatoire atteignait le niveau de performance énergétique (énergie 2) et le niveau de performance pour les émissions carbone (carbone 1). Cet observatoire permet de capitaliser les études énergétiques et environnementales réalisées selon le référentiel E+C- ainsi que des données économiques sur les opérations. M. Acchiardi a rappelé la phase de concertation des acteurs, tenue l'an dernier, sur la méthode de calcul de la RE 2020, l'évaluation économique et la production des données. En ce moment, se tient une phase de simulations pour « tester les indicateurs qui ont été retenus et les niveaux de performances (énergétiques et environnementales, ndlr) » a-t-il ajouté. « Les indicateurs, les exigences et l'accompagnement des acteurs sont à venir en 2020 ». Les résultats des simulations sont attendus « au printemps 2020 », date à laquelle il y aura une nouvelle phase de concertation des acteurs sur les indicateurs choisis et les exigences réglementaires de la RE 2020.
Précisions sur certains indicateurs testés
Le choix définitif des indicateurs sur lesquels porteront les exigences de la RE 2020 se fera suite aux travaux de simulations. Emmanuel Acchiardi a précisé les indicateurs testés, qui sont ceux de la Réglementation thermique (RT) 2012 actuelle (comme le « cep » et le « Bbio »), et la création de nouveaux indicateurs portant sur la chaleur renouvelable, la capacité des matériaux à stocker du carbone ou le confort d'été. Pour améliorer la performance énergétique, M. Acchiardi a souligné le renforcement de l'indicateur de besoin bioclimatique (Bbio) qui « traduit notamment la qualité de l'enveloppe (du bâtiment). On travaille à la fois sur les systèmes (énergétiques) et l'enveloppe ». La performance de l'isolation sera privilégiée « quel que soit le mode de chauffage installé ».
Est également testé l'indicateur « cep » qui concerne les consommations en énergie primaire du bâtiment, dont les consommations d'énergie renouvelable ou de récupération importées par le bâtiment (la production photovoltaïque autoconsommée). Auquel s'ajoute le « cepnr », c'est-à-dire les consommations en énergie primaire non renouvelable du bâtiment.
Le bilan Bepos (qui était pris en compte dans le référentiel E+C-) n'a finalement pas été retenu parmi les indicateurs. Dans le bilan Bepos étaient incluses les consommations d'électricité à usages spécifiques (électroménager, bureautique etc.).
La RE 2020 ne prendra pas en compte les consommations (d'énergie et d'eau) des équipements mobiliers pour le calcul des indicateurs énergie et carbone, sauf pour le calcul de l'autoconsommation de l'électricité produite sur site. En revanche, les consommations énergétiques des ascenseurs, de l'éclairage des parkings et des parties communes sont ajoutées dans la réglementation.
La RE 2020 sera également davantage tournée sur la question du confort d'été. Celle-ci sera prise en compte via un nouvel indicateur de mesure basé sur l'approche « degré-heure ». L'indicateur Bbio intégrera aussi les besoins de froid.
La RE prendra également en compte la capacité des matériaux de construction à stocker du carbone. La chaleur renouvelable sera aussi encouragée. Les indicateurs testés concernent notamment le taux de recours à la chaleur renouvelable (RCR), l'impact sur le changement climatique du bâtiment (« Eges ») ou « Eges exploitation ». Par ailleurs, M. Acchiardi a souligné l'harmonisation des surfaces de référence, prises en compte pour les indicateurs énergie et carbone : la surface habitable pour le résidentiel et la surface utile pour le tertiaire.
Un guide à l'usage des professionnels dès l'été
M. Acchiardi a annoncé la parution d'un guide à l'usage des professionnels dès cet été « afin qu'ils s'approprient au mieux cette réglementation ». Puis, viendront « des outils plus complets au fur et à mesure que la préparation de la réglementation va avancer ». Il a aussi appelé les fabricants à poursuivre « les efforts » pour renseigner les données environnementales recueillies dans la base Inies pour les produits de construction et les équipements des bâtiments. Plus de 2 000 références sont à ce jour recensées dans Inies. « Les difficultés liées au manque de données seront prises en compte dans la définition des seuils de la RE 2020 », a prévenu M. Acchiardi.