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L'industrie sucrière se lance dans la décarbonation

Difficile d'électrifier des usines éloignées des réseaux ? Pas vraiment, répond Tereos, fort de son expérience du passage de ses sites au gaz. Et l'agriculture régénératrice ? Contrairement au bio, elle n'impose pas de contrôles externes.

TECHNIQUE  |  Energie  |    |  G. Boillot-Defremont
L'industrie sucrière se lance dans la décarbonation

Le 21 mars 2024, le groupe sucrier international Tereos a annoncé la mise en œuvre de sa feuille de route pour diminuer les émissions directes de gaz à effet de serre de ses installations et les émissions indirectes, liées à ses consommations énergétiques. Une baisse de 65 % est annoncée d'ici à 2033. Pour y parvenir, l'industriel investira 800 millions d'euros sur l'ensemble du périmètre européen, généralisera l'électrification des process et la récupération de chaleur fatale, notamment dans ses huit sucreries du territoire français. Enfin, il déploiera des techniques d'agriculture régénératrice sur 20 % de ses cultures de betterave sucrière.

Généraliser l'électrification et baisser la consommation de gaz

Six des sucreries appartenant au groupe se situent dans les Hauts-de-France, une autre dans la Marne, la dernière près d'Orléans (Loiret). Toutes se trouvent dans des environnements ruraux. « Si nos usines ne bénéficient pas de raccordements de qualité suffisante, nous négocions avec les gestionnaires de réseaux pour construire des bretelles d'accès, à partir des lignes passant à proximité », indique Jean-Yves Delamare, chargé du département technologies, ingénierie et procédés. Des projets sur le temps long (une augmentation de la puissance de raccordement peut nécessiter de l'ordre de quatre ans), mais qui n'inquiètent pas Jean-Yves Delamare. Il y a une dizaine d'années, le groupe a opéré sa transition du mix fuel-charbon vers le gaz naturel, et s'est trouvé face au même enjeu. « Des études ont été engagées sur le sujet, il y a plusieurs mois », complète-t-il.

“ Tous les process pourront être électrifiés ” Jean-Yves Delamare, Tereos
La part d'électricité dans les process va doubler et viendra accompagner une baisse de 65 % de la consommation de gaz naturel, selon les estimations du groupe. Une stratégie qui peut interroger : les industries lourdes fonctionnant au gaz ont souvent une part d'irréductible à tout changement d'approvisionnement. Ce ne sera pas le cas pour les usines de Tereos. « Tous les process pourront être électrifiés », assure Jean-Yves Delamare.

Le responsable indique qu'il n'y aura pas d'approvisionnement de type PPA (Power Purchase Agreement), un contrat de fourniture d'énergie renouvelable long terme, directement du producteur à l'industriel, mis en place pour contrer la volatilité des prix du marché et donner une visibilité à long terme sur le prix de l'énergie. Il en explique les raisons : « Nous connaissons bien les incidences du marché du gaz. Celui-ci a évolué défavorablement à cause de la guerre en Ukraine notamment. Le prix de l'électricité - qui est plutôt une fourniture française - n'est pas impacté par celui du gaz : l'expérience nous l'a montré. Aussi, nous évaluons ses risques plutôt du côté de la sécurité de l'approvisionnement, plutôt que d'un éventuel envol des tarifs. »

Le recyclage de toutes les énergies fatales viendra accompagner la réduction des besoins énergétiques. Il se fera avec l'appui de technologies comme la recompression mécanique de la vapeur, le fluide majoritairement utilisé en sucrerie. « [Cette recompression] permet la récupération de vapeur basse pression issue de chaleurs fatales », indique Jean-Yves Delamare.

Enfin, l'homme souligne le risque lié à la bonne acceptation des demandes de subventions déposées par son groupe à l'Ademe dans le cadre de ce projet : « Nous sommes "pour partie" pénalisés par le fonctionnement pendant 2 800 heures par an par rapport aux autres industries, car les sucreries vont réduire leur consommation d'énergie et donc leurs émissions sur une durée annuelle plus courte que les autres activités. »

Une transition vers l'agriculture régénératrice

Pour mener à bien sa stratégie de décarbonation, Tereos indique aussi vouloir déployer les pratiques de l'agriculture régénératrice sur 20 % des surfaces betteravières de ses coopérateurs d'ici neuf ans. Le principe est de prendre soin de la fertilité naturelle des sols (à la différence de la fertilisation minérale), en implantant des cultures intermédiaires en hiver, afin que le sol bénéficie d'un compost naturel.

« La betterave sucrière est une culture réputée pour être difficilement réalisable en bio, car le désherbage doit y être mécanique et donc beaucoup plus chronophage. Aussi l'agriculture de conservation peut être considérée comme un entre-deux acceptable entre le conventionnel et le bio », relève une experte du secteur agricole. Mais, prévient-t-elle, « à l'instar de l'agriculture raisonnée, l'agriculture régénératrice n'est pas encadrée par un label ». Or, un label impose des contrôles externes réguliers, seuls garants de la qualité.

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