360.000 tonnes d'équivalent CO2. C'est l'empreinte carbone (1) directe des Jeux olympiques de Sotchi, calculée par un groupe d'experts russes et internationaux, indique le comité d'organisation (CO) dans un communiqué de presse publié le 4 février. Celui-ci s'était engagé, dans son dossier de candidature, à réduire l'empreinte carbone liée aux préparations et au déroulement des jeux.
Engagement tenu, se félicite le CO à la veille de la cérémonie d'ouverture. "Au total, grâce aux technologies à haute efficacité énergétique mises en place à travers le pays dans des domaines tels que les infrastructures, l'industrie et l'agriculture, les gaz à effet de serre ont été réduits de plus de 500 milles tonnes depuis mars 2013, ce qui dépasse déjà les objectifs". Ainsi, toujours selon le communiqué, cette réduction des émissions couvrirait l'empreinte directe des jeux, mais aussi les émissions liées aux déplacements des spectateurs et des représentants des médias. Pour y parvenir, certains équipements de transports ont été remplacés par du matériel plus "propre", des actions ont été menées pour réduire les embouteillages (limitations de trafic…), une attention a été portée à la performance des bâtiments, le réseau d'égout a été modernisé… et des projets de compensation ont été développés en Russie, au Brésil et en Corée du Sud (prochains pays hôtes de Jeux olympiques).
"Nous sommes fiers d'annoncer que nous avons rempli l'un de nos principaux objectif : organiser des Jeux ayant un impact minimum sur l'environnement", se targue le Président du CO, Dmitry Tchernychenko.
Sous la peinture verte…
Des militants écolos malmenés
A l'approche de l'ouverture des Jeux, les tensions montent avec les militants écolos. Alors que le 3 février, un premier activiste, Evgueni Vitichko, 40 ans, a été condamné à quinze jours de détention et écroué, un deuxième militantde l'ONG Veille écologique pour le Caucase du Nord, Igor Kharchenko, a été condamné à cinq jours de prison. D'autres auraient été détenus lors de l'arrivée de la flamme olympique.
Le projet initial a bien été corrigé pour tenir compte des nombreux avertissements du Programme des Nations unies pour l'environnement (Pnue) mais est-ce que cela aura été suffisant ? Le Pnue, après une visite en octobre dernier, s'est dit satisfait. L'abandon du projet de piste de bobsleigh et de village olympique sur une réserve naturelle (10981), salué par les associations, puis la création d'un parc ornithologique (2) (qui représente 10% de la zone à compenser selon les ONG), la réintroduction du léopard perse, les engagements autour de la réserve de biosphère du Caucase ont permis de verdir le projet.
Mais transformer une petite station balnéaire, implantée au sein d'un parc naturel, en site d'accueil pour les jeux d'hiver n'est forcément pas neutre pour l'environnement. Il a fallu notamment construire, en un temps record, 77 ponts, creuser douze tunnels, créer quatre stations de ski, les alimenter en tonnes de neige artificielle… Au total, plus de 367,3 km de routes et de ponts auraient été construits, ainsi que 201 km de voies ferrées. La ville de Sotchi (400.000 habitants, un million de visiteurs par an) est désormais traversée par une autoroute à quatre voies, qui la relie, sur près de 16 km à l'aéroport. Une rocade a également été créée. Sans parler des nombreux bâtiments construits pour accueillir les 100.000 visiteurs attendus. L'ensemble de ces infrastructures a conduit inévitablement au morcellement des espaces naturels, habitat de nombreuses espèces. Les actions de compensation seront-elles suffisantes ?