Le nombre de jours d'enneigement dans les Alpes pourrait être divisé par deux d'ici à la fin du siècle en raison de l'élévation des températures, selon une étude publiée (1) dans le journal de l'European Geosciences Union. « Il existe toutefois une large marge d'économies potentielles, si le réchauffement est limité dans le cadre de l'Accord de Paris - qui suscite l'espoir », a pointé le Dr Michael Matiu, auteur principal de l'article, chargé de recherche dans le centre privé Eurac Research, en Italie.
Comparaison de l'enneigement dans les Alpes à 1,5-2 °C et 4-5 °C© Eurac Research
Lui et ses confrères ont évalué la future couverture neigeuse en ajustant statistiquement cette fraction à partir de modèle climatique régionaux. Ils ont considéré un scénario avec un réchauffement de 1,5 à 2 °C visé par l'Accord de Paris et un plus pessimiste de 4 à 5 °C. Résultats (2) ? La lutte contre le changement climatique pourrait permettre, d'une façon globale, de préserver 83 % des jours de neige, selon l'étude. Plus précisément à 1 500 mètres d'altitude (moyenne montagne), le respect des Accords de Paris limiterait la perte des jours d'enneigement à dix-sept jours contre quarante-six dans un scénario à + 4 à 5 °C. Pour mémoire, le nombre de jours de neige durant la période 2001 à 2020 est de 95. À 2 500 m, cette perte serait de vingt-six jours, avec une augmentation des températures de 1,5 à 2 °C et soixante-seize jours pour + 4 à 5 °C (239 jours de neige aujourd'hui). À 3 500 mètres, la perte serait de quarante-six jours en respectant l'Accord de Paris et de cent-treize jours dans le scénario à + 4 à 5 °C (avec 348 jours d'enneigement sur la période 2001 à 2020).
Les Alpes du Sud et du Sud-Ouest sont plus particulièrement touchées. « Cette perte de neige aurait de graves répercussions sur les régions en aval qui dépendent de l'apport printanier annuel et de la fonte des neiges pour l'eau en été, alerte le Dr Michael Matiu. La perte de neige entraînera un décalage temporel de la disponibilité de l'eau, avec des débits plus élevés en hiver et moins en été. Ce sera particulièrement difficile dans les zones qui se battent déjà pour l'utilisation de l'eau. »
Article publié le 22 juin 2022