Ce jeudi 13 octobre, Renault Group a annoncé la création de The Future Is Neutral, une nouvelle entité entièrement consacrée à l'économie circulaire. Cette entreprise rassemblera sous une marque commune la quasi-totalité des actifs du groupe liés au sujet. Renault compte en faire « la première entreprise à opérer sur l'ensemble de la chaîne de valeur de l'économie circulaire automobile ». Elle s'adressera « à tous les acteurs du monde automobile », y compris aux entreprises en dehors du périmètre de Renault Group.
The Future Is Neutral regroupera trois entreprises : Gaia, la filiale basée à Flins (Yvelines) spécialisée dans la réparation des batteries, le réemploi de pièces et le recyclage de matériaux issus des véhicules hors d'usage (VHU) ; Indra, la coentreprise, montée avec Suez, qui regroupe 370 centres VHU agréés ; et Boone Comenor, l'autre coentreprise montée avec Suez, œuvrant dans le recyclage des chutes de métaux issus de l'industrie.
D'ici à 2030, l'objectif est de doubler le volume de matière recyclée, de multiplier par six la collecte de plastique ou encore de récupérer 300 000 pots d'échappement. Pour y parvenir, The Futur Is Neutral compte doubler le nombre d'entreprises sous son aile et ouvrir son capital afin d'investir 500 millions d'euros. Objectif : multiplier par 2,5 le chiffre d'affaires de cette activité pour le porter à 2,3 milliards.
Maintenir la matière dans le secteur automobile
Aujourd'hui, certaines voitures du groupe affichent un peu plus de 20 % de matière recyclée. La marque au losange vise 33 % en 2030. Cet objectif « va bouger dans le bon sens, grâce à The Future Is Neutral », assure Jean-Philippe Bahuaud, le directeur de la stratégie économie circulaire de Renault Group qui prend la tête de la nouvelle entité.
Luca de Meo, le P-DG de Renault, justifie la création de cette entité par les enjeux de ressources et de recyclage qui se posent à l'industrie automobile. La part de cette industrie dans la consommation de palladium atteint par exemple 85 % (il est employé comme catalyseur). Cette proportion s'élève à 40 % pour le platine et le lithium. La direction de Renault constate, en outre, que ces ressources sont souvent concentrées entre les mains de quelques très rares producteurs et que le véhicule électrique exacerbe les tensions.
Parallèlement, chaque année, 11 millions de voitures, recyclables à 85 %, sont mises au rebus en Europe. Ces VHU pourraient devenir « la première mine » pour alimenter le secteur, estime Luca de Meo. Surtout, l'objectif est de créer une boucle fermée pour « maintenir la valeur des pièces et matières le plus longtemps possible et permettre à l'industrie d'atteindre, à terme, un taux beaucoup plus élevé de matières recyclées issues de l'automobile dans la production de nouveaux véhicules ». Cette ambition vise en particulier les batteries, puisque The Future Is Neutral se donne pour objectif d'être « un leader européen du recyclage des batteries en boucle fermée ».