L'aménagement du site du Carnet (Loire-Atlantique), situé dans l'estuaire de la Loire, n'est pas pour tout de suite, si tant est qu'il se fasse un jour. Le maître d'ouvrage, le Grand-Port maritime de Nantes-Saint-Nazaire, a annoncé le 3 novembre prendre acte de l'avis défavorable rendu par le conseil scientifique régional du patrimoine naturel (CSRPN).
Dans cet avis (1) en date du 30 octobre, le CSRPN estime que le plan de gestion des espaces naturels du site n'en fait pas une analyse « complète et intégrée ». Les inventaires initiaux sont « relativement complets mais déjà anciens », estime l'instance consultative. « Les suivis doivent prévoir de maintenir cette connaissance à flot pour alimenter la vision globale des enjeux du site, d'évaluer les actions par rapport aux résultats escomptés et d'étudier aussi les six secteurs de compensation avant mise en place des mesures », ajoute le CSRPN.
Le maître d'ouvrage, qui se dit « déterminé à être exemplaire », annonce engager sans tarder l'actualisation des inventaires, dont les derniers ont été réalisés entre 2008 et 2012. Cette actualisation, qui doit durer plus d'une année, suspend de facto le projet d'aménagement. Une suspension à laquelle concède d'autant plus facilement le Grand-Port que les projets d'investissement des entreprises sur ce territoire ont été reportés sine die du fait de la crise sanitaire, comme il le reconnaît.
« Une première victoire contre le projet industriel »
Trois associations écologistes (Notre Affaire à tous, MNLE, Stop Carnet) saluent « une première victoire contre le projet industriel ». Celle-ci ont adressé le 20 octobre, avec une vingtaine de particuliers, un courrier au préfet pointant le caractère incomplet du dossier d'aménagement et lui demandant de mettre en demeure le Grand-Port de régulariser des travaux commencés dans l'illégalité. Ils annoncent un recours contentieux en cas de refus du représentant de l'État. La mobilisation du collectif Stop Carnet et l'implantation d'une ZAD ont « très vite stoppé les travaux en offrant une opposition frontale », se félicitent d'ores et déjà les opposants.
Le site du Carnet est inscrit parmi les sites clés en main que le Gouvernement propose aux investisseurs. Le projet prévoit d'aménager 110 hectares pour l'accueil d'un parc éco-technologique orienté sur les énergies marines renouvelables. Cette zone abrite 116 espèces protégées et le projet détruirait 51 hectares de zones humides, expliquent les opposants.