Grâce à un accord signé en mars dernier, les candidats Les républicains (LR) et UDI portent le même programme pour les législatives. 477 candidats ont été investis par LR et 91 candidats par l'UDI. Si dans la plupart des circonscriptions, un seul candidat se présente sous la bannière Majorité pour la France, 34 circonscriptions voient s'affronter un candidat LR et un candidat UDI au premier tour, le moins bien placé des deux ayant l'obligation de se désister en faveur de l'autre au second tour.
Une tentative de muscler le volet écologique de leur programme
Le volet écologique du programme LR-UDI (1) pour les législatives conserve les mesures phares (2) proposées par François Fillon: aucune fermeture de centrale nucléaire sauf considération de sécurité, développement des énergies renouvelables, fin des énergies fossiles, rénovation des bâtiments anciens les plus énergivores et baisse des normes dans l'agriculture, la viticulture et la pêche "avec l'arrêt de toute surtransposition de textes européens".
Force est de constater toutefois que certaines mesures prônées par le candidat de la droite et du centre aux présidentielles ne sont plus d'actualité (3) pour les élections des 11 et 18 juin prochains. La raison ? "Nous avons tenu compte des enseignements de la présidentielle", indique un porte parole des Républicains.
Afin de muscler le volet écologique de leur programme, la droite et le centre introduisent une nouvelle promesse en vue des législatives : l'interdiction de l'exploitation des ressources minières, pétrolières et gazières en Arctique. Critiqués pour le manque de chiffrage de leurs propositions sur les énergies renouvelables (EnR), les Républicains et l'UDI s'engagent désormais à atteindre plus de 20% d'énergies renouvelables (4) dans le mix énergétique d'ici à 2025. Ne figure plus rien sur la chasse, que François Fillon qualifiait de "belle tradition française" et qu'il voulait soutenir en levant "certaines contraintes inutiles". Un porte parole LR regrette le "climat de défiance permanent à l'égard du monde de la chasse et de ses pratiques", ce qui est sûrement la raison pour laquelle la chasse est absente du programme pour les législatives. L'une des mesures les plus contestées proposées par Francois Fillon, la réécriture du principe de précaution, a également été supprimée du programme pour les législatives. De nombreux juristes, scientifiques, militants écologistes et ONG avaient exprimé leur souhait de ne pas remettre en cause ce principe.
Peut-on pour autant parler de verdissement du programme de la droite et du centre ? Rien n'est moins sûr car certaines mesures favorables à l'environnement ont également disparu du programme UDI-LR, à l'image du prix plancher de la tonne de carbone que François Fillon voulait fixer à 30 euros. Certains candidats de la droite et du centre contactés par Actu-environnement regrettent l'absence de propositions sur la gestion des déchets, la fiscalité écologique, le transport durable, le gaz de schiste ou les défis écologiques dans les territoires ultra-marins.
L'écologie : une ligne de fracture entre UDI et LR ?
L'UDI et les Républicains ont les mêmes engagements pour l'environnement et l'énergie en vue des législatives. Pourtant, les deux partis n'ont pas exactement les mêmes positions sur ces sujets. L'UDI a-il pesé sur l'écriture du volet écologique du programme commun ? Le parti a sûrement joué un rôle important dans la non suppression du principe de précaution. Force est de constater que ses principales propositions (5) n'ont cependant pas été reprises, qu'il s'agisse du financement des infrastructures via une obligation verte européenne, du renforcement du dialogue environnemental, de la relance de la redevance poids lourds ou encore de l'adoption d'"une grande loi sur les sols".
Ces divergences sont visibles au niveau local, notamment dans les circonscriptions où se présentent à la fois un candidat UDI et un candidat LR. Pour Charles Pouvreau, contacté par Actu-environnement et candidat UDI dans la 10eme circonscription de Gironde, "l'écologie est une des thématiques sur lesquelles [l'UDI] se distingue le plus des Républicains". Il considère que, contrairement à l'UDI, "LR est plus tourné vers l'économie qu'il ne l'est vers l'écologie". Jean-Paul Garraud, candidat LR opposé à Charles Pouvreau, conteste cette vision et tente, à l'inverse, de montrer qu'il a le programme le plus centré sur l'environnement, en mettant en avant son expérience dans la viticulture.
En réalité, plus que des différences entre candidats LR et UDI, c'est une déclinaison hétérogène du programme national au niveau local qui peut être observée. Les enjeux environnementaux sont plus ou moins mis en avant selon les circonscriptions. Certains candidats considèrent que le volet écologique du programme national n'est qu'une base à partir de laquelle peuvent être mises en oeuvre localement des actions importantes en faveur de l'environnement, à l'image de Bertrand Pancher, responsable du pôle Ecologie de l'UDI, qui veut faire de la Meuse où il est candidat la "terre du développement durable".
Mathilde Bouchardon