Le Président de la République Emmanuel Macron a présenté, mardi 26 septembre, à l'Université Paris-Sorbonne, son plan pour réformer l'Europe qui "doit être à l'avant-garde d'une transition écologique efficace et équitable". L'Europe "doit favoriser les investissements dans cette transition : transport, logement, industrie, agriculture...". Pour ce faire, le chef de l'Etat prône la création d'une taxe carbone européenne aux frontières "pour assurer l'équité entre ses producteurs et leurs concurrents". Le Président plaide pour qu'un prix "juste" plancher commun soit fixé pour la tonne de carbone, d'au moins "25 ou 30 euros la tonne pour assurer la transition". En France, la taxe carbone (ou contribution climat-énergie) passera de 30,5 euros en 2017 à 44,6 euros par tonne de CO2 en 2018. Son tarif atteindra les 86,2€ par tonne de CO2 à la fin du quinquennat en 2022 puis 100€ en 2030, conformément à la loi de transition énergétique.
Relance de la TTF européenne mais allègement de la TTF française
A l'instar de son prédécesseur François Hollande, Emmanuel Macron veut également relancer le projet de taxe européenne sur les transactions financières (TTF) pour financer l'aide publique au développement. "Après six ans de négociations, il est temps que la TTF européenne soit adoptée. Les discussions devraient reprendre dès la fin de l'année et sans attendre la fin des négociations du Brexit. Au moins 50% de ses recettes devront être alloués à la solidarité internationale et la lutte contre le changement climatique dans les pays du Sud. Une TTF européenne pourrait rapporter 22 milliards d'euros par an", appellent de leurs voeux les ONG du Réseau Action Climat France. Lors du Conseil européen, les 22 et 23 juin dernier, M. Macron n'avait pas tenu sa promesse, faite aux ONG, de finaliser un accord sur la TTF européenne avant la fin de l'été, à cause du Brexit. Il s'est toutefois de nouveau engagé à défendre l'idée au sein de l'Union européenne.
La France a déjà instauré une taxe sur les mouvements financiers, dont une partie des revenus est affectée au développement durable. Cependant, l'élargissement de l'assiette de cette taxe aux transactions infra-journalières (ou intra-day), qui devait entrer en vigueur au 1er janvier 2018, est supprimé dans le projet de loi de finances pour 2018 (PLF 2018), présenté ce mercredi 27 septembre. Cette extension visait à dégager des recettes supplémentaires, notamment pour la solidarité internationale et la lutte contre les changements climatiques. Le gouvernement pointe, à l'instar de la Cour des comptes en juin dernier, "d'importantes difficultés de mise en œuvre". La suppression de cette extension, dénoncée par les ONG, "devrait permettre de renforcer le positionnement de la place de Paris comme place financière de référence en Europe", justifie le gouvernement.
"Le PLF ne prévoit ni d'affecter 100% des recettes [de la TTF] à la solidarité internationale et au climat comme le voudrait l'ambition européenne du Président, ni d'en élargir l'assiette comme cela était prévu en janvier 2018. Ces annonces sont décevantes, alors même que la France accueillera le 12 décembre prochain un sommet international sur le climat dédié à la question des financements", regrette le Réseau Action Climat.
Emmanuel Macron a également souligné mardi la "menace" des "bouleversements" climatiques. Il demande la création d'une "force européenne de protection civile mettant en commun les moyens de secours et d'intervention pour répondre aux catastrophes de moins en moins naturelles, des incendies aux ouragans, des inondations aux séismes". Il souhaite en outre la création d'un programme industriel européen de soutien aux "véhicules propres " et de déploiement d'infrastructures communes "nécessaires" (bornes de recharge…).