« Nous voulons obtenir un moratoire sur ces projets de mégabassines », indique Benoît Feuillu, du mouvement Les soulèvements de la terre, pour justifier la mobilisation, normalement prévue les 29 et 30 octobre prochains, visant à s'opposer à la création de grandes retenues d'eau.
Le rassemblement envisagé comme « festif et familial », selon les organisateurs, prévoyait initialement des tables rondes durant tout le week-end, des concerts, promenades, mais aussi de contribuer à l'arrêt du chantier de la retenue d'eau sur la commune de Sainte-Soline (79). Car ce projet d'aménagement au lieu-dit des Terres rouges fait partie des seize retenues d'eau des bassins de la Sèvre niortaise et du Mignon (Deux-Sèvres, Charente-Maritime et Vienne), emblématiques du débat autour des choix de gestion de l'eau. Le projet prévoit une retenue de grande ampleur d'une capacité de près de 720 000 m3 - près de 300 piscines olympiques - et une emprise de 16 hectares.
Les opposants veulent gagner du temps
Opposés à ce chantier, des mouvements de différents horizons et modes d'action - des associations environnementales et collectifs (1) , des syndicats (2) , des politiques (3) et des agriculteurs (4) - se sont regroupés pour organiser la mobilisation.
L'enjeu pour les organisateurs est également de gagner du temps sur le terrain administratif. « Nous demandons la suspension des travaux, car nous craignons de nous retrouver dans la même situation que les bassines de l'Asa des Roches, qui ont été construites et ensuite reconnues illégales, a expliqué Mélissa Gingreau, du collectif Bassines non merci 79. Nous avons lancé des recours contre les autorisations de construction, pas encore statués pour l'instant. »
Certains autres participants ont, quant à eux, une position en faveur de la désobéissance civile et d'une intervention sur le chantier pour l'arrêter.
Une interdiction sur 12 communes
L'initiative prévue ce week-end a fait réagir la Coordination rurale. Dans une lettre (5) ouverte aux ministres de l'Intérieur et de l'Agriculture, Bernard Lannes, président du syndicat agricole, incite les services de l'État à prendre des mesures de protection du site. « Les actions prévues à Sainte-Soline sont l'acte premier d'une série dont Mauzé-le-Mignon était la répétition générale, aux dires des organisateurs », souligne-t-il. La construction de cette première retenue avait en effet entraîné une forte opposition, des manifestations et conduit à la dégradation de la retenue, notamment au démontage d'une pompe.
La préfecture des Deux-Sèvres a donc arbitré dans ce sens et a interdit (6) les manifestations, les attroupements ou rassemblements, du samedi matin 29 octobre au lundi matin 31 octobre à Sainte-Soline et onze communes avoisinantes. Parmi les motivations invoquées : le « risque avéré d'affrontements avec des agriculteurs », « la nécessité de préserver l'intégrité des exploitations agricoles parties prenantes au projet de réserve » et la nécessité « d'empêcher toute atteinte au chantier de Sainte-Soline ».
Une interdiction que regrettent les organisateurs. « C'est une atteinte grave à la liberté de manifester, a réagi Mélissa Gingreau. Nous allons déposer un référé liberté le plus rapidement possible et réfléchissons à des options pour maintenir la manifestation. » Le collectif souhaite pouvoir alerter sur les implications à long terme de ces chantiers.
« La première bassine construite à Mauzé-sur-le-Mignon est remplie à 80 % de sa capacité totale, en dessous des seuils de remplissage autorisés, en raison de la tension sur la ressource de cet été, a indiqué Mélissa Gingreau. De nombreux scientifiques appuient que ces solutions sont une maladaptation. »