Le producteur de gaz russe Novatek a annoncé, mardi 30 novembre, avoir bouclé les financements de son mégaprojet gazier Arctic LNG 2, réalisé en partenariat avec TotalEnergies – qui détient 10 % du projet. Comme son nom l'indique cette usine de gaz naturel liquéfié sera installée dans l'Arctique russe et entrera en service en 2023. Novatek va pouvoir emprunter 9,5 milliards d'euros auprès de banques russes, chinoises et japonaises, sans surprise, puisqu'aux côtés du russe Novatek, le projet est porté par des entreprises de ces deux nationalités. Fait notable, aucune banque française n'a suivi TotalEnergies.
Elles auraient pu le faire, appuyées par Bpifrance, puisque la France n'a voté la fin des aides à l'export qu'en 2035. Mais la pression des ONG et la COP26 de novembre sont passées par là. Ce qui réjouit Les Amis de la Terre, qui dénonçait le flou entretenu par le gouvernement depuis plus d'un an sur son éventuel soutien : « Le retrait de la France d'un tel projet est un signal fort. Emmanuel Macron admet indirectement que continuer à extraire du gaz est problématique pour le climat et la biodiversité, estime Anna-Lena Rebaud, chargée de campagne aux Amis de la Terre. Ce faisant, il désavoue sa propre politique adoptée en 2020 qui permet à la Banque publique d'investissement de soutenir des projets d'exploitation gazière jusqu'en 2035 ».
Si les ONG mettent ce recul sur le compte de leur mobilisation, elles restent toutefois vigilantes « car la politique actuelle en matière de garanties à l'export permet encore à l'État français de soutenir d'autres projets d'extraction et de combustion d'énergies fossiles. » La France n'a, en effet, pas rejoint l'initiative lancée à la COP26 par 25 pays et institutions financières publiques pour cesser, d'ici à la fin de 2022, le financement public, à l'étranger, de projets de charbon, mais aussi de pétrole ou de gaz.