Nos océans sont malades. Nous ne savons pas exactement à quel point, mais il existe désormais assez de preuves à nos yeux pour affirmer que la chimie des océans se modifie, ce qui va affecter certains organismes marins et que les décideurs doivent réagir et prendre en compte ce phénomène, a déclaré James Orr, de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) et président du Symposium.
L'acidification des océans est provoquée par l'absorption dans la mer du CO2 produit par les activités humaines, à raison de 22 millions de tonnes par jour. Selon James Orr, l'acidité des eaux de surface de l'océan aurait augmenté de 30 % depuis la révolution industrielle. Ce changement est de plus grande ampleur et 100 fois plus rapide que les épisodes précédents d'acidification subis par les océans depuis plusieurs millions d'années, a expliqué le président du Symposium.
Les travaux de recherche publiés indiquent que d'ici 2030, la mer australe commencera à devenir corrosive pour les coquilles des escargots de mer évoluant à la surface des eaux alors que ces mollusques représentent une source importante de nourriture pour les saumons du Pacifique. L'acidification rapide des océans menace aussi les récifs coralliens qui abritent un quart des poissons dans le monde et qui génèrent une industrie touristique de plusieurs milliards de dollars, a averti James Orr.
Les scientifiques présents à la conférence de Monaco ont appelé à développer la recherche pour comprendre les implications et l'impact du phénomène d'acidification actuel. La réduction des émissions de carbone est la seule voie efficace pour stabiliser et inverser le processus d'acidification, ont-ils souligné tout en ajoutant que malgré les réticences de nombreux gouvernements, ceci est possible et à un coût abordable. Hermann Held, de l'Institut de recherche de Potsdam sur les effets du changement climatique (Allemagne), a par ailleurs déclaré aux participants que le coût de l'élimination des émissions de carbone d'ici un siècle serait inférieur à 1,5 % du PIB mondial.