Mardi 3 mai avait lieu le point presse organisé par le sénateur écologiste Joël Labbé et les associations Fondation Nicolas Hulot, Unaf, Générations futures, Confédération paysanne, Agir pour l'environnement et la Ligue de protection des oiseaux (LPO). Tous étaient présents pour soutenir l'interdiction généralisée de l'usage des néonicotinoïdes à l'horizon 2018 comme l'a voté l'Assemblée nationale en mars dernier. Avec la reprise des travaux sur le texte du projet de loi biodiversité le même jour en Commission du développement durable, les acteurs redoutent que les sénateurs repoussent à 2022 l'interdiction de l'"utilisation des produits phytopharmaceutiques contenant des substances actives de la famille des néonicotinoïdes". Un amendement (1) a en effet été déposé à cet effet par le sénateur (LR) Jérôme Bignon, rapporteur du projet de loi au Sénat.
Il s'agit d'un enjeu de taille pour les associations qui constatent l'état d'urgence actuel tout en estimant que septembre 2018 est un "délai suffisant pour laisser aux agriculteurs le temps de s'adapter. On ne réclame pas une interdiction brutale", estime Amandine Lebreton, coordinatrice Agriculture-alimentation au sein de la Fondation Nicolas Hulot.
La ministre de l'Environnement Ségolène Royal, interpellée par la LPO sur la diminution inquiétante des populations d'oiseaux à l'occasion de la conférence environnementale, a rappelé son engagement pour défendre l'interdiction de l'usage de néonicotinoïdes. Ce soutien, ainsi que celui de la secrétaire d'Etat à la biodiversité Barbara Pompili, est un atout important selon Joël Labbé, qui rappelle que le texte devra ensuite être débattu en commission mixte paritaire.
Pour Valentin Beauval et Emmanuel Haze de la Confédération paysanne, les alternatives aux substances chimiques existent. "On ne peut pas parler d'impasse technique face à la sortie de l'utilisation des néonicotinoïdes, cet argument est faux". "Ce qu'il faut c'est une vraie volonté politique et on a vu que cela était possible avec l'interdiction du diméthoate pour le traitement des cerisiers. Le gouvernement a démontré qu'il pouvait faire passer l'intérêt général avant le principe de libre concurrence en mettant en place un plan d'indemnisation et de soutien aux agriculteurs concernés", a ajouté Emmanuel Haze qui cultive lui-même des cerises.
Tous les acteurs présents constataient l'importance de montrer l'exemple en Europe et dans le monde. "Le problème des néonicotinoïdes est un phénomène d'envergure planétaire", soutient Joël Labbé. "L'interdiction doit être la règle générale, si possible, sans aucune exception. Aujourd'hui c'est l'inverse", a tenu à rappeler Amandine Lebreton.