Selon l'ONG Pollinis, la Commission européenne aurait critiqué le 3 mai dernier l'interdiction, prévue par la France, de sept substances actives de la famille des néonicotinoïdes à partir du 1er septembre 2018 : acétamipride, clothianidine, dinotéfurane, imidaclopride, nitenpyrame, thiaclopride, thiamétoxame. Cette liste a été fixée dans un projet de décret, pris en application de la loi sur la biodiversité d'août 2016.
Le clothianidine, l'imidaclopride et le thiamétoxame font déjà l'objet, depuis 2013, d'une restriction temporaire d'usage en Europe. Fin mars dernier, la Commission européenne a proposé aux Etats membres une interdiction de l'usage des trois pesticides dans les cultures et celui des semences traitées aux serres fermées. "Pourtant, sous la pression de l'industrie agrochimique, la Commission européenne critique le décret d'application, demandant en substance aux autorités françaises de renoncer à l'interdiction", dénonce Pollinis. Alors que la France a notifié son projet de décret le 2 février dernier à la Commission, cette dernière évoquerait une violation des règlements européens, d'après l'ONG qui s'est procurée un document confidentiel.
La Commission devait soumettre en mai sa proposition d'interdiction des trois substances au vote des Etats membres, pour une entrée en application dans les mois à venir. Pollinis a lancé ce lundi 29 mai une pétition (1) pour "obliger le gouvernement français à maintenir l'interdiction des pesticides tueurs d'abeilles en 2018". "Nous demandons donc au Premier ministre et aux ministres de la Santé, de l'Environnement et de l'Agriculture, qui portent ce dossier, de résister aux pressions et de signer le décret d'application", a déclaré Nicolas Laarman, délégué général de Pollinis.
Durant sa campagne, le Président Emmanuel Macron s'est engagé à éliminer progressivement les pesticides et les perturbateurs endocriniens les plus nocifs avérés ou probables.