« L'État ne mène pas une politique à la hauteur des enjeux, souligne l'association Eau et rivières de Bretagne. L'année 2021 devait permettre à l'État de revoir radicalement sa copie. Il n'en a rien été, puisqu'il préfère poursuivre les mêmes méthodes, sans moyens supplémentaires significatifs, et sans remise en cause du modèle agricole. » Pour l'association, la surface des territoires pollués par les nitrates n'a jamais été aussi élevée, avec 141 sites bretons touchés. Et le dernier état des lieux des masses d'eau du bassin montre également que les nitrates font partie des pressions qui dégradent le plus les ressources.
Pourtant, en juin 2021, le tribunal administratif de Rennes avait donné quatre mois à l'État pour prendre des mesures complémentaires au sixième programme d'actions régional, alors jugé insuffisant. « Les mesures mises en place par la profession agricole – toujours à reculons et après de longs bras de fer - n'ont pas permis de retrouver la qualité de l'eau requise pour la préservation des écosystèmes aquatiques, estime l'association. La stratégie actuelle, qui consiste à essayer de réduire les fuites de nitrates au champ et non les apports (engrais minéraux, fumiers, lisiers issus de l'élevage), montre ses limites. »
L'association a décidé de poser deux nouveaux recours contre l'État devant le tribunal administratif pour demander, d'une part, la prise de toutes mesures utiles et, d'autre part, la réparation des préjudices écologiques et moraux. « Une stratégie qui s'inspire de l'Affaire du siècle, qui a conduit la justice à condamner l'État pour son inaction climatique », indique Eau et rivières de Bretagne.
L'association a également annoncé le refus de poursuivre sa participation au comité de pilotage du futur troisième Plan algues vertes. « Cette semaine, le futur Plan algues vertes (PLAV n°3) va être présenté par les services de l'État, et les membres du conseil régional de Bretagne devront se prononcer sur son copilotage par leur collectivité, situe-t-elle. Il s'agit d'un plan de lutte non concerté, sans moyens suffisants de l'État, avec une gouvernance défaillante, qui ne donne toujours pas les moyens aux acteurs de réussir. (…) Nous ne souhaitons pas que notre responsabilité soit engagée dans son échec inéluctable. »