Cette prévision émane d'un rapport du Centre commun de recherche (JRC) de la Commission européenne, publié lundi 5 juillet. Elle a été réalisée à partir des plans d'action nationaux en matière d'ENR qui devaient être remis au plus tard le 30 juin 2010 à la Commission européenne par chaque Etat membre. Une obligation imposée par la directive de 2009 sur les ENR, l'un des textes du paquet climat-énergie. L'objectif de 20% est une moyenne européenne, décliné Etat membre par Etat membre. Pour la France, cela a abouti aux fameux 23% d'ENR en 2020, dont on dit souvent trop rapidement qu'ils ont été fixés par le Grenelle de l'environnement, alors qu'en réalité, ils l'ont d'abord été au niveau européen.
Marge de manœuvre très limitée
Ces documents prévisionnels indiquent notamment l'excèdent de production d'énergie renouvelables que pourrait dégager chaque Etat membre, afin d'en transférer éventuellement aux Etats qui ne parviendraient pas à atteindre leur objectif - une telle possibilité est prévue par la directive.
Il en ressort donc qu'en 2020, l'Union européenne disposera d'une marge de manœuvre très limitée en matière d'ENR. Sur les 27 Etats membres, neuf - Bulgarie, Espagne, Grèce, Suède, Slovaquie, Allemagne, Pologne, Lituanie et Estonie - prévoient pour 2020 une production d'ENR supérieure à leur objectif. Sans grande surprise, l'Allemagne et l'Espagne devraient générer les plus grands surplus en valeur absolue, avec respectivement 1.387 et 2.700 kilotonnes équivalent pétrole (ktep). Cinq Etats membres - Belgique, Malte, Italie, Luxembourg, Danemark - devraient être déficitaires en 2020. Avec 1.170 ktep, l'Italie aura le déficit le plus important en valeur absolue. Quant aux autres Etats membres, ils prévoient d'être dans les clous de leur objectif.
Plan solaire méditerranéen en renfort
Et la France ? Elle se positionne parmi ces derniers pays. Comment ? Grâce au Grenelle de l'environnement. ''Etant donné cet engagement législatif, les autorités françaises ne se positionnent à ce stade ni comme acheteur ni comme vendeur [d'excédent d'ENR] a priori pour satisfaire à leur objectif de 23%'', est-il indiqué dans le document adressé à la Commission européenne. Dans ce document, la France est avare de détails et n'est pas à un paradoxe près.
D'un côté, elle ne prévoit pas de recourir à des sources extérieures d'ENR. De l'autre, elle mise sur le Plan solaire méditerranéen. ''Le modèle économique de ce plan est notamment basé sur la possibilité, pour l'électricité d'origine renouvelable produite dans les pays du pourtour méditerranéen non membres de [l'UE], d'être vendue dans les Etats membres (…). Les partenariats noués dans le cadre du Plan solaire méditerranéen pourraient donc conduire la France à importer une certaine quantité d'électricité d'origine renouvelable de pays non membres de la Communauté, dans le cadre de projets communs. De telles importations ne peuvent être quantifiées à ce stade''.
Un pas que n'a même pas osé franchir l'Allemagne, pourtant à l'origine du projet Desertec, principale composante du Plan solaire méditerranéen, ni l'Italie ou l'Espagne, pourtant géographiquement plus proches de la zone de développement du plan solaire…
Et si treize Etats membres prévoient de recourir à des projets communs ou à des importations de pays hors UE - autre possibilité laissée par la directive -, la quantité d'ENR qui sera importée est parfaitement quantifiée dans les plans qu'ils ont adressés à la Commission.