C'est le constat réalisé par l'International Service for the Acquisition of Agri-biotech Applications (ISAAA) qui établit chaque année un rapport sur le sujet*. Favorable aux organismes génétiquement modifiés, cet organisme d'aide à la diffusion des biotechnologies, compte parmi ses contributeurs les grands groupes spécialisés tels que Monsanto et Syngenta,
Dans son rapport annuel, l'ISAAA indique que 13,3 millions d'agriculteurs recensés dans
25 pays ont cultivé 125 millions d'hectares de plantes biotechnologiques l'année dernière, la sixième plus forte croissance relevée depuis 13 ans . Le rapport souligne qu'en 2008, 1,3 millions d'agriculteurs supplémentaires ont cultivé 10,7 millions d'hectares de plantes biotechnologiques en plus dans trois nouveaux pays (l'Egypte, le Burkina Faso et la Bolivie). En 2008, l'Egypte a cultivé 700 hectares de maïs Bt et le Burkina Faso 8.500 hectares de coton Bt.
Des perspectives de croissance soutenue…
Le rapport met par ailleurs en évidence que sur les 25 pays cultivant des OGM, 15 sont des pays en voie de développement et 10 des pays industrialisés. C'étaient, en 2008, par ordre décroissant de superficie, les USA (62,5 millions d'hectares), l'Argentine (21 M ha), le Brésil (15,8M ha), l'Inde (7,6M ha), le Canada (7,6M ha), la Chine (3,8M ha). Viennent ensuite le Paraguay, l'Afrique du Sud, l'Uruguay, la Bolivie, les Philippines, l'Australie, le Mexique, l'Espagne, le Chili, la Colombie, le Honduras, le Burkina Faso, la République Tchèque, la Roumanie, le Portugal, l'Allemagne, la Pologne, la Slovaquie et l'Egypte. Le communiqué de l'ISAAA précise que bien que la France n'ait pas autorisé de cultures de plantes biotechs en 2008, sept autres pays de l'Union européenne ont augmenté leur surface de 21% pour totaliser une surface globale de 100.000 hectares.
Au regard de toutes ces statistiques, l'ISAAA qui dépasse le simple rôle d'organisme d'information, se dit confiante pour l'avenir et le développement des plantes génétiquement modifiées. Les perspectives de croissance future sont encourageantes , indique Clive James, directeur et fondateur de l'organisme, et auteur du rapport. Les expériences positives de ces nouvelles régions « tête de pont » dans le Sud, le Nord et l'Ouest de l'Afrique vont aider à guider les pays voisins dans leur apprentissage , estime-t-il. De plus, les leaders politiques ont de plus en plus tendance à considérer les plantes biotechnologiques améliorées comme une partie importante de la solution aux problèmes critiques de la sécurité alimentaire et du développement durable ! Pour la fin de la deuxième décennie de commercialisation des plantes biotechnologiques (en 2015), l'ISAAA prévoit qu'1,6 milliards d'hectares auront été cultivés et que 200 millions d'hectares de plantes biotechs seront plantés chaque année dans 40 pays.
… indigestes pour la Fédération Internationale des Amis de la Terre
Ce rapport publié tous les ans par l'organisation ne va pas dans le même sens que celui de la Fédération Internationale des Amis de la Terre (FoEI). Dans son rapport, sorti un jour avant celui de l'ISAAA, intitulé « A qui profite les plantes GM ? ** », l'association explique qu'aucun OGM actuellement sur le marché ne bénéficie aux consommateurs, n'a permis de réduire la faim dans le monde, de limiter les impacts environnementaux et d'accroître le revenu des agriculteurs. Les plantes GM ne sont en fait cultivées que sur de petites surfaces de par le monde. Ce n'est que dans une poignée de pays qu'elles couvrent une surface importante avec comme destinations, les marchés des pays plus riches. Il est maintenant reconnu internationalement que les plantes GM n'apportent rien aux petits paysans et qu'elles ne contribuent pas du tout à la lutte contre la pauvreté, au contraire , commente dans un communiqué, Christian Berdot, le coordinateur de la Campagne OGM des Amis de la Terre-France. Sur le plan mondial, selon la Fédération Internationale des Amis de la Terre, les OGM restent toujours confinés à une poignée de pays avec des secteurs agricoles très industrialisés et orientés vers l'exportation. Près de 90 % de la surface plantée en OGM en 2007 se trouvaient dans 6 pays d'Amérique du Nord et du Sud, avec un total de 80 % pour les seuls Etats-Unis, Brésil et Argentine. Un pays, les Etats-Unis, représente à lui seul, plus de 50 % des OGM dans le monde. En Inde et en Chine, 3 % ou moins des terres arables sont plantés en OGM. Enfin, l'association les Amis de la Terre conteste les statistiques qui montrent une croissance des OGM en Europe. L'opposition des citoyens et leur constante pression sur les gouvernements pour maintenir des conditions de sécurité décentes, font que la surface plantée en OGM en Europe a diminué continuellement depuis 2005, avec une baisse totale de 35 % , analysent-ils.
*le site www.isaaa.org
Le rapport est financé dans sa totalité par deux organisations philanthropiques européennes : une unité philanthropique de Ibercaja (une des plus importantes banque espagnole basée dans la région de production de maïs de l'Espagne) ; et la fondation Bussolera-Branca d'Italie.
**« Qui profite des OGM », « Who benefits from GM crops : engraisser les géants des biotechnologie ou nourrir les pauvres » des Amis de la Terre International : http://www.foeeurope.org/GMOs/Who_Benefits/full_report_2009.pdf