La Ville de Paris a présenté mardi 7 novembre son Plan climat air énergie territorial (1) (PCAET) version 2017, 10 ans après le premier. Ce plan vise à emmener la ville vers la neutralité carbone en 2050 sur son périmètre intramuros mais également sur l'intégralité de l'empreinte carbone de son territoire. Autrement dit, les émissions globales incluant celles dues à l'alimentation et l'énergie que la ville importe ou encore celles du transport aérien de ses habitants sont prises en compte dans le périmètre.
La ville a réduit son empreinte carbone de 10% en 10 ans grâce à son premier plan climat. Cette fois, elle veut aller plus loin en réduisant de 100% les émissions intra-muros, et de 80% l'empreinte carbone du territoire parisien par rapport à 2004. Avec de la compensation pour le reste : une plate-forme spécifique va d'ailleurs être créée pour sélectionner des projets. Autre objectif affiché : passer à 100% d'énergie renouvelable en 2050. "Nous avons conçu ce plan climat comme une contribution directe à l'Accord de Paris", explique Celia Blauel, adjointe à la Maire de Paris en charge de l'environnement. "Nous sommes la seule ville au monde à s'engager de cette manière, à proposer une vision de la ville de demain", ajoute-t-elle.
Ce plan climat sera présenté une première fois au Conseil de Paris les 20, 21 et 22 novembre. Il fera ensuite l'objet d'une consultation publique de décembre à février 2018 pour une adoption finale en mars 2018. Il ne bénéficiera pas d'un budget spécifique. L'ensemble du budget de la ville sera réorienté en accord avec les objectifs du plan climat.
Une intervention directe sur les politiques de la ville
Pour réduire complètement les émissions de carbone intramuros, la ville compte diviser par deux ses consommations énergétiques et s'alimenter à 100% en énergies renouvelables. Elle travaillera en priorité à la rénovation des logements et à la réduction des transports les plus carbonés.
Paris a consommé en 2014 plus de 36 TWh d'énergie dont 85% par les 110.000 immeubles parisiens, tertiaires et résidentiels. 95% des immeubles de 2050 sont déjà construits. La première étape consistera donc à réduire de plus d'un tiers les consommations énergétiques d'ici 2030. La ville compte surtout accélérer la rénovation des logements sociaux et vise un gain moyen de 60%.
En 2014, Paris a consommé 17% d'énergies renouvelables dont 5% produites localement. Cette part devra passer à 25% en 2020, 45% en 2030 et 100% en 2050. Panneaux solaires sur les toits, géothermie, récupération d'énergie seront privilégiés sur toutes les opérations où la ville est décisionnaire. La société d'économie mixte Posit'if sera son bras armé pour aider les projets à voir le jour. Paris s'engage par ailleurs à accélérer le verdissement de son réseau de chaleur pour atteindre 75% d'énergies renouvelables dans celui-ci en 2030 et 100% en 2050.
En matière de mobilité, la ville envisage de créer plusieurs plateformes multimodales et de recréer une dynamique autour du fret fluvial en triplant les volumes transportés. Côté alimentation, la ville amplifiera son plan alimentation durable dans les cantines qu'elle gère en visant 90% de bio ou local en 2030 contre 37% aujourd'hui. Un volet du plan climat est consacré à l'adaptation au réchauffement climatique avec une volonté d'amplifier la végétalisation de la ville et désimperméabiliser les sols.
Mais sur les 500 mesures que compte son plan climat, seules 70 concernent directement la Ville de Paris soit 20% de son empreinte carbone. Ce seront les Parisiens, les Franciliens et les acteurs publics et privés d'Ile-de-France qui vont devoir s'engager pour l'aider à atteindre les 80% restants.
Peser dans l'évolution des comportements
Pour aller plus loin que ses propres actions, Paris entend mobiliser tous les acteurs proches et notamment la métropole du Grand Paris. Des réflexions communes sont en cours pour la création d'une zone à circulation restreinte (ZCR) à l'échelle de la métropole. Un fonds air/bois pour remplacer les vieux équipements de chauffage au bois pourrait également voir le jour. Ces deux mesures concourront à l'amélioration de la qualité de l'air. La ville espère respecter les valeurs seuils préconisées par l'OMS, certaines étant plus exigeantes que la réglementation européenne.
Paris entend renouveler sa charte Paris Action Climat signée avec 47 entreprises implantées dans la ville. Par cette charte, ces sociétés s'engagent sur les mêmes objectifs que Paris, qui compte bien en convaincre un plus grand nombre.
De nombreuses mesures font office de plaidoyer notamment vers l'Etat pour qu'il prenne des mesures soutenant l'action de la Ville. La Mairie appelle par exemple à mettre en place une obligation de travaux pour la rénovation notamment des copropriétés privées. Même si la ville veut accélérer l'initiative Eco-rénovons pour viser ces copropriétés avec l'aide de l'Agence Parisienne du Climat, un coup de pouce réglementaire serait le bienvenu.
Paris mise par ailleurs sur une évolution des consciences et des modes de vie de ses habitants. Côté mobilité, la ville souhaite réduire le nombre de kilomètres parcourus et compte petit à petit bannir les énergies fossiles : 2024 pour les véhicules diesel, et 2030 pour l'essence. Elle lance également une réflexion sur l'avenir du périphérique, "une infrastructure d'un autre temps", selon Célia Blauel.
Enfin, Paris s'engage à promouvoir le régime alimentaire flexitarien pour réduire la part carnée de l'alimentation et l'empreinte carbone associée.