Après la Bretagne, c'est au tour des Pays de la Loire d'obtenir la compétence d'animation et de concertation dans le domaine de la gestion et protection de la ressource en eau. « Cela légitime durablement le rôle de la région comme chef d'orchestre sur la thématique de l'eau : à la fois la musique que nous jouons, le niveau de la partition mais également l'articulation, la mise en œuvre de dispositifs communs, et notre portage de projets sur le territoire », illustre Laurent Gérault vice-président des Pays de la Loire, en charge de la transition énergétique et écologique. Les élus ont souhaité faire de l'eau une « grande cause régionale ».
Les enjeux autour de l'eau pèsent dans cette implication : selon le dernier état des lieux de l'Agence de l'eau Loire Bretagne, seulement 11 % des cours d'eau sont en bon état écologique. Si le bilan s'avère meilleur concernant les eaux souterraines, côtières ou de transition, environ 86 % des masses d'eau ligériennes risquent toutefois de ne pas atteindre le bon état en 2027. En cause ? Les pesticides, les modifications de la morphologie des cours d'eau ou encore des pressions hydriques (débits d'étiage trop faible). A titre d'exemple, toute la région est classée en zone vulnérable « nitrates ». Pour 60 % des mesures en cours d'eau, les cumuls de pesticides dépassent le seuil de 0,5 microgramme/litre. Ainsi 22 % de la population est alimenté par une eau non conforme du fait de dépassement des limites pour les critères bactériologiques ou phytosanitaires. Et plusieurs bassins sont soumis à une insuffisance quantitative chronique de la ressource en eau par exemple : le Marais poitevin, l'Authion ou encore la Vilaine.
« Le niveau de qualité de l'eau n'est pas acceptable : il y a des enjeux de santé publique, juridiques et financiers avec d'éventuels contentieux européens mais également touristiques, agricoles, etc. », souligne Laurent Gérault.
Dans les traces de la région Bretagne
La méthode de la région pour y faire face s'inspire de celle de son voisin breton : outre une convention signée avec l'Agence de l'eau en 2017 pour la reconquête du bon état, elle a organisé un événement, pour réunir l'ensemble des acteurs (1) liés à l'eau et lancer une nouvelle dynamique : les conférences Ligérienne de l'eau. La région a également constitué un comité ligérien de l'eau pour porter les intérêts des Pays de la Loire. « Nous avons également défendu l'idée d'un contrat unique agence de l'eau – région – département pour se positionner sur la même aire géographique, le même pas de temps - trois ans - et des objectifs partagés, complète Laurent Gérault. Auparavant coexistaient différents contrats : c'était complexe avec un esprit millefeuille sans vraiment d'articulation ». Un investissement dans la Reuse : le projet Jourdain
La Région soutient un projet de réutilisation des eaux usées, Jourdain, à travers l'attribution d'1 M€. Ce dernier expérimente la réutilisation d'une partie des eaux usées traitées pour réalimenter le bassin d'eau potable, en Vendée au Château d'Olonne.
« Nous avons augmenté notre participation financière de 40 % sur la thématique eau depuis le début du mandat. Nous agissons sur trois facteurs : le grand cycle de l'eau, l'acquisition ou la gestion d'un territoire pour protéger les points de captage d'eau et les mesures agroenvironnementales, souligne Laurent Gérault. L'eau étant une priorité du mandat, nous l'avons également décliné dans un chapitre du schéma régional d'aménagement et de développement durable du territoire (4) (Sraddt) ». Ce document devrait être adopté fin 2020.