Le « groupe PAILLOTIN » du nom de leur président Guy Paillotin, secrétaire perpétuel de l'Académie d'Agriculture, réaffirme l'objectif de réduction de 50% de l'usage des pesticides en 10 ans, objectif découlant des débats du Grenelle de l'environnement. Pour l'atteindre, il recommande notamment la mise en place d'actions ayant pour objectifs la généralisation dans l'immédiat des meilleures pratiques agricoles économes en pesticides, la levée des obstacles à l'innovation et à la construction de nouveaux systèmes de production moins dépendants des pesticides et viables.
Le groupe de travail souligne également la nécessité de renforcer les réseaux de surveillance des bioagresseurs (virus, bactéries, champignons, insectes) et des effets de l'utilisation des pesticides. Il préconise une ambition très forte en matière de formation des utilisateurs et de sécurisation des métiers de la distribution des pesticides. Ce sont les conditions nécessaires pour faire adhérer le plus largement possible à cette démarche, explique le communiqué du ministère.
Les experts préconisent par ailleurs la mise en place d'indicateurs de suivi pour évaluer la réduction d'usage et s'assurer que parallèlement le profil des produits utilisés s'améliore. Des indicateurs globaux de suivi de l'intensité de l'usage calculés à partir des données de ventes de pesticides pourraient ainsi être utilisés au niveau national. L'un de ces indicateurs pourrait être le NODU. Fondé sur le nombre de doses utilisées défini par les quantités de substances vendues divisées par une dose unité de substance active, cet indicateur ferait référence pour le suivi du plan. Il pourrait être accompagné d'un ensemble d'indicateurs plus large destiné à examiner l'évolution de l'usage des phytopharmaceutiques ainsi que d'indicateurs spécifiques au niveau local.
Michel Barnier a semble-t-il accueilli favorablement le rapport en soulignant qu'il s'agit d'une très bonne base de travail pour la rédaction finale du plan d'action du Gouvernement Ecophyto 2018.
Du côté des associations de protection de l'environnement, la satisfaction est également au rendez-vous. Le Mouvement pour le Droit et le Respect des Générations Futures (MDRGF) appelle le ministre de l'agriculture à retenir l'ensemble des propositions contenues dans le rapport Paillotin, notamment celles concernant le choix du NODU et l'objectif de réduction des pesticides de 50% en 10 ans. Nous serons vigilants à ce que le plan proposé par le COMOP Paillotin ne soit pas dénaturé, a déclaré F. Veillerette, président du MDRGF et membre de l'Alliance pour la planète. France Nature Environnement quant à elle salue l'approbation unanime des organisations agricoles, de la distribution et des industriels des pesticides et parle d'unanimité historique. La route sera longue et difficile pour en finir avec la contamination généralisée actuelle mais une étape importante a été franchie, estime Jean-Claude Bevillard, chargé des questions agricoles à FNE.
Les associations attendent désormais la concrétisation de ce plan et surtout les moyens nécessaires à sa mise en œuvre. Le MDRGF souligne la nécessité de mettre l'accent, dans le futur plan d'actions, sur la recherche concernant les itinéraires à bas niveau d'intrants, la promotion des produits de bio-contrôle et l'élaboration de variétés résistantes aux maladies et ravageurs.
Le ministre de l'agriculture a confirmé son intention de présenter le plan d'action au Président de la République lors de la première quinzaine du mois de juillet 2008.