A l'occasion d'un nouveau vote sur la suspension pendant deux ans de l'utilisation de trois pesticides néonicotinoïdes (clothianidine, imidaclopride et thiametoxam) les représentants des Etats membres n'ont pas réussi à dégager une majorité qualifiée en faveur de la suspension.
Quinze pays se sont prononcés pour, dont Allemagne qui s'était abstenue lors du premier vote, huit pays contre et quatre se sont abstenus. A défaut de majorité qualifiée, ce sera donc à la Commission européenne ne se prononcer. La suspension de ces trois pesticides n'est donc plus qu'une question de temps. Elle pourrait entrer en vigueur le 1er décembre prochain.
Cette décision a provoqué de nombreuses réactions du côté des politiques comme des ONG : le ministre de l'Agriculture français Stéphane Le Foll s'est "réjouis de ce moratoire" à l'instar de Jean-Luc Bennahmias, député européen, vice-président du Mouvement Démocrate et de Sandrine Bélier, députée européenne des Verts/ALE et membre de la commission environnement. Cette dernière déclare toutefois regretter "que les gouvernements britanniques, hongrois et italiens aient cédé au lobbying trompeur de l'industrie agro-chimique".
Un lobbying mis en lumière début avril par l'association Greenpeace et l'
Générations Futures souligne d'ailleurs avec satisfaction le changement de position de l'Allemagne, pays d'accueil du semencier Bayer, fabricant de pesticides à base d'imidaclopride et de clothianidine, deux des trois pesticides visés par la suspension.
Suite à ce vote, plusieurs voix s'élèvent pour appeler à la vigilance : "si le vote d'aujourd'hui permet d'avancer, n'oublions pas qu'il ne s'agit que d'un moratoire - et non pas d'une interdiction définitive - qui ne concerne que certaines cultures", rappelle l'eurodéputé Jean-Luc Bennahmias. La Commission propose en effet de modifier les conditions d'approbation de trois néonicotinoïdes afin de limiter leur utilisation aux cultures non attrayantes pour les abeilles et aux céréales, et d'interdire la vente et l'utilisation des semences traitées avec ces substances, cette disposition ne s'appliquant pas aux semences de plantes non attractives pour les abeilles et aux semences de céréales d'hiver.
Pour Olivier Belval, "Ce vote marque enfin la reconnaissance du combat des apiculteurs et de l'UNAF contre ces insecticides neurotoxiques. Il est indispensable que cette décision se poursuive au-delà des deux ans annoncés, et surtout qu'elle recouvre l'ensemble des cultures".
Les associations espèrent que d'autres interdictions suivront : Greenpeace demande l'interdiction du fipronil, du chlorpyriphos, de la cyperméthrine et de la deltaméthrine.