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Pesticides : une association dépose un recours contre l'utilisation du Movento

Agir pour l'environnement a déposé un recours en référé-suspension envers la décision du ministère de l'Agriculture d'approuver temporairement l'emploi d'un insecticide, le Movento, dont la substance active n'est plus autorisée à l'échelle européenne.

Agroécologie  |    |  F. Gouty
Pesticides : une association dépose un recours contre l'utilisation du Movento

Ce lundi 13 mai, l'association Agir pour l'environnement a annoncé s'attaquer au Movento. Cet insecticide vendu par Bayer a fait l'objet de deux nouvelles dérogations temporaires d'utilisation de la part du ministère de l'Agriculture : l'une, destinée aux cultivateurs de kiwis, pour combattre les cochenilles, l'autre, pour lutter contre les pucerons vecteurs du virus de la jaunisse de la betterave. C'est cette dernière que l'ONG a dans le viseur, au regard du nombre de surfaces agricoles impliquées (bien supérieures à celles du kiwi français) et la considérant comme étant « manifestement illégale ».

Agir pour l'environnement déclare ainsi avoir saisi, le 6 mai, le Conseil d'État dans le cadre d'un recours en référé-suspension. Elle considère que cette procédure permettra de renverser l'action du Gouvernement de manière « plus rapide » qu'en passant devant le tribunal administratif, généralement indiqué pour cela. L'audience a été programmée « à l'approche de la Journée mondiale des abeilles, le 20 mai prochain », un « hasard de calendrier potentiellement en notre faveur », nous indique l'association.

Une substance dangereuse pour les abeilles

“ un produit phytopharmaceutique ne peut être autorisé en France si la substance active n'est plus accordée au niveau européen ” Agir pour l'environnement
La dérogation visée (1) a été confirmée par Agnès Pannier-Runacher, ministre déléguée auprès du ministre de l'Agriculture, le 5 avril dernier à l'antenne de France Bleu Nord. Déjà employé par la filière betteravière en complément de produits néonicotinoïdes désormais exclus de toute dérogation, le Movento s'appuie sur le spirotétramate, une substance active suspectée « reprotoxique » par l'Union européenne et qualifiée de « dangereuse pour les abeilles » par l'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses (2) ).

Par ailleurs, l'autorisation de cette substance, à l'échelle européenne, est arrivée à son terme le 30 avril. En 2020, la Commission européenne avait décidé d'accorder une extension de trois mois supplémentaires, jusqu'au 31 juillet 2024, sur l'échéance initiale de l'autorisation pendant dix ans. Une rallonge finalement révoquée en 2022, en l'absence d'une demande de renouvellement déposée par le fabricant, Bayer. La nouvelle dérogation française, elle, court jusqu'au 25 juillet. Et Agir pour l'environnement de rappeler « qu'un produit phytopharmaceutique ne peut être autorisé en France si la substance active n'est plus accordée au niveau européen ».

Vers une surutilisation ?

Autre subtilité, controversée elle aussi : l'augmentation du nombre d'applications possibles du produit. « Cette année, les betteraviers pourront faire jusqu'à cinq passages de Movento, en deux temps : d'abord trois, au lieu de deux sans dérogation [pour les cultures de taille industrielle, ou deux seulement avec dérogation pour les cultures plus petites dites potagères, NDLR], puis deux supplémentaires en cas de besoin identifié, en plus du passage de Teppeki (à base de flonicamide), qu'ils font déjà depuis plusieurs années », explique le cabinet de la ministre. « Ce produit n'a jamais été évalué pour un usage sur betterave et jamais pour plus de quatre applications par an, atteste néanmoins une autre ONG, Générations futures. Dans ces conditions, comment s'assurer qu'appliquer cinq traitements de ce produit sur des betteraves ne présentera pas de risque pour la santé ou l'environnement ? Nous nous demandons donc si le risque d'une utilisation de cinq traitements par an a été évalué et jugé acceptable par l'Anses, point sur lequel le Gouvernement doit s'expliquer. »

L'Institut technique de la betterave (ITB) affirme, quant à lui, dans « Le Betteravier français » (3) que, compte tenu de « l'arrivée précoce » des pucerons dans les cultures cette année, « trois traitements pourraient être insuffisants » et indique que le ministère compte sur une « clause de revoyure au cours du printemps » pour autoriser effectivement d'augmenter le nombre d'applications jusqu'à cinq. « Nous nous sommes fortement engagés pour l'interdiction des semences enrobées avec des néonicotinoïdes, (mais) cette filière semble ne pas comprendre l'urgence à trouver des solutions écologiques », s'insurge, en réponse, Agir pour l'environnement.

1. Télécharger la dérogation 2024 pour le Movento sur les betteraves
https://www.actu-environnement.com/media/pdf/news-44043-decision-autorisation-derogation-movento-betteraves-2024.pdf
2. Consulter la décision de l'Anses pour l'autorisation du Movento en France en 2011
https://www.anses.fr/fr/system/files/phyto/decisions/DPR2010de0813.pdf
3. Consulter l'article du Betteravier français
https://www.lebetteravier.fr/2024/04/05/le-movento-autorise-pour-5-passages-sur-betteraves/

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