La communauté d'agglomération de Saint-Quentin-en-Yvelines organisait ce jeudi 25 juin un colloque pour faire un bilan et étudier les enjeux des cinq plans de déplacement inter-entreprises (PDIE) mis en œuvre sur son territoire depuis 2008. L'implication du maximum d'entreprises et des collectivités apparaît indispensable car l'amélioration de la mobilité des salariés nécessite de faire jouer de nombreux leviers.
Démarche partenariale
L'union fait la force. C'est l'idée qui préside à la mise en place de plans inter-entreprises plutôt que de plans de déplacement limités au seul périmètre d'une société. L'union doit se faire d'abord entre les entreprises elles-mêmes afin qu'elles puissent faire valoir leurs besoins. C'est le sens de la création de Deltas SQY, une association qui regroupe 40 adhérents, dont les plus grandes entreprises du territoire.
Les résultats des PDIE de Saint-Quentin-en-Yvelines
1.576 véhicules en autopartage
56 places de parking réservées aux covoitureurs
550 places de stationnement vélos en entreprises
2 entreprises proposant une aide à l'achat de vélos électriques
106 véhicules électriques dans les flottes d'entreprises
3.628 salariés ayant bénéficié de stages d'éco-conduite en 2014
7 entreprises ayant mis en place des accords cadres sur le télétravail
"Des ateliers thématiques sont organisés toute l'année, réunissant les référents des entreprises, un animateur de la CCI et un animateur de la Casqy", explique Andrea Zorilla, animatrice de PDIE à la CCI. Ces ateliers portent sur les objectifs identifiés par les entreprises : communication et information, covoiturage, modes doux, transports collectifs, déplacements professionnels, services et logements, grands projets...
"On a intérêt à fédérer la démarche. Cela crée un effet boule de neige avec les PME qui la rejoignent", confirme Jacques Merle d'Airbus. La concertation avec les collectivités locales permet également de leur apporter des garanties par rapport aux investissements qu'elles projettent de faire.
Renforcer les leviers d'actions
Cette démarche mutualisée permet, d'une part, de renforcer les leviers d'actions, notamment par une action de lobbying sur les projets d'aménagement du territoire touchant l'agglomération, et, d'autre part, de mieux connaître les besoins des salariés afin de mettre en place les actions les plus efficientes.
L'organisation de la mobilité se fait au niveau local, mais aussi interurbain, avec le Syndicat des transports d'Ile-de-France (Stif), la SNCF et la Région, et national avec l'Etat et la société du Grand Paris, explique Laurent Legendre, président de Deltas SQY. "Notre organisation en association nous permet de participer aux consultations publiques ou encore d'être représentés au comité de la société du Grand Paris qui planche sur la question des gares", détaille-t-il.
Maïlis Floriet apporte une illustration de cette nécessité de connexion aux niveaux supra-locaux : "Le bus est utilisé en complément de l'offre ferroviaire, explique la représentante de la communauté d'agglomération, si cette offre diminue, la fréquentation des bus en pâtit directement".
Connaître les besoins des entreprises
"Cela a un sens d'aller chercher les besoins des entreprises", ajoute Mme Floriet. Ainsi, explique-t-elle, l'amélioration de la fréquentation des bus est d'autant plus forte que l'offre est construite en fonction des besoins exprimés par le plus grand nombre de salariés. Et de citer une croissance de +83% de fréquentation entre 2012 et 2014 constatée sur une ligne de bus ayant fait l'objet d'une telle analyse.
Autre exemple d'une mutualisation réussie, celle du covoiturage. La communauté avait mis en place un site internet qui, rencontrant peu de succès, a été fermé en 2013. Les entreprises se sont tournées vers la plateforme Wayz-Up (1) dont les résultats sont beaucoup plus probants. "Douze pour cent des salariés des entreprises participant aux PDIE se sont inscrits", se félicite Jean-Pierre Schweitzer, responsable développement durable de la société Hilti, qui souligne l'intérêt du covoiturage pour les entreprises (une baisse des accidents de trajet) et pour les salariés (une baisse des coûts de transport). Avec l'avantage, présenté par la plateforme, de calculer automatiquement les coûts pour un partage équitable des frais.
Mais si la mutualisation est une condition de réussite nécessaire des actions entreprises, elle ne se révèle toutefois pas suffisante. "On a un niveau de dialogue mature, une bonne communication, mais les progrès sont encore limités", temporise Laurent Legendre. Seuls 0,5% des salariés utilisant des transports privés se reportent sur les transports en commun chaque année. "Pour aller plus loin, il faut innover", ajoute le président de l'association d'entreprises, qui propose de faire entrer d'autres acteurs dans le dispositif, en particulier ceux du monde de la recherche.